Le parquet de Béthune va demander au juge d'instruction chargé du dossier Théo Hallez, adolescent lensois dont le corps a été découvert le 2 novembre, 5 mois après sa disparition, d'élargir l'information judiciaire à la qualification d'homicide volontaire.
C'est un tournant dans l'enquête sur la mort de Théo Hallez, 14 ans, dont le corps a été découvert le 2 novembre dernier dans un bâtiment désaffecté non-loin de chez lui à Lens. L'adolescent était porté disparu depuis le 27 mai dernier, après avoir passé une nuit en discothèque à Loison-sous-Lens.
Des résultats d'analyses consécutifs à l'autopsie du corps de Théo conduisent le parquet aujourd'hui à envisager "davantage" la piste du meurtre.
"On a reçu en fin de semaine dernière des résultats partiels qui nous invitent à approfondir encore les recherches", nous a confié le procureur de la république de Béthune Philippe Peyroux. "Si on pensait que, peut-être, le décès pouvait être dû à une chute, l'approfondissement des recherches médico-légales nous laissent à penser que la cause accidentelle est moins certaine, et qu'elle pourrait être criminelle. Il semblerait que la chute ne soit pas la cause du décès", a ajouté le magistrat.
Le corps de Théo Hallez avait été découvert en état de décomposition avancé dans une boulangerie désaffectée, par des jeunes pratiquant l'urbex. Un entrepôt avec un trou dans le toit, qui avait laissé penser aux enquêteurs que l'adolescent y avait pu faire une lourde chute de 4 à 6 mètres, sur le dos, à l'intérieur du bâtiment.
L'ancienne boulangerie est fermée côté rue, mais il y aurait un accès par un soupirail qui se situe à l'arrière.
Théo avait disparu le dimanche 27 mai à l'aube après un retour de discothèque avec son ami Jordan. Il était passé chez sa mère avant de repartir avec son camarade, puis de disparaître.
L'autopsie n'aurait pas permis de dater précisément la mort de l'adolescent, compte tenu de l'état du corps.
Réquisitoire supplétif
Au vu des dernières "précisions médico-légales", le parquet de Béthune va dans les prochains jours demander au juge d'instruction en charge du dossier un réquisitoire supplétif du chef d'homicide volontaire, "pour avoir un maximum de possibilités légales pour enquêter sur cette affaire. Le juge aura tous les moyens pour enquêter".
L'information judiciaire avait jusqu'à présent les qualifications d'enlèvement et séquestration. "On était à 90% sur la chute accidentelle, on est aujourd'hui plus à 50/50, mais nous attendons les résultats des dernières expertises. On s'oriente davantage sur une possibilité de meurtre", explique prudemment le parquet.
Des fractures à l'arrière du crâne, des côtes et du sternum ont notamment été constatées lors de l'autopsie du corps de Théo Hallez. "Si ce n'est pas une chute, ce sont des coups, selon le procureur. Ça pourrait être la conséquence de coups, nous avons des doutes mais aucune certitude".
Les enquêteurs de la brigade criminelle de la PJ de Lille attendent d'autres résultats d'analyses qui permettront peut-être de préciser, voire confirmer les causes de la mort de Théo. "De gros moyens continuent à être investis sur cette affaire, la famille est informée des avancées de l'enquête", souligne M. Peyroux. "Si la thèse de l'homicide se confirme, nous aurons donc à rechercher et à trouver le ou les auteurs", a conclu le procureur.