La jeune femme qui habite près de Lens est en fauteuil roulant depuis l'attentat de la Rambla, il y a un an. Mais à force de rééducation, elle compte bien marcher jusqu'à l'autel pour son mariage, dans quelques jours.
Son destin a été bouleversé par le terrorisme. "Pourtant c'est une journée qui avait très bien commencé", commente Mélanie Cazé. La dernière fois qu'elle tenait sur ses jambes, c'était pendant ses vacances sur la Rambla, à Barcelone.
"En moins de dix secondes, je me suis retrouvée au sol, limite inconsciente, en me disant que le moment où je mourrais c'était maintenant", reprend-elle. Un an après, impossible pour elle d'oublier la camionnette qui l'a percutée de plein fouet.
"Quand tu es au sol, que tu vois le ciel et que t'entends le bruit de cette camionnette qui s'éloigne, c'est un soulagement, assure la victime de l'attentat. Même si au fur et à mesure, on entend aussi les cris et les bruits des autres personnes qui se font percuter."
Rage de vivre
A ses côtés, sa fille de 18 mois s'en sort presque indemne. Son compagnon, lui, est blessé à la jambe. Quant à Mélanie, elle est gravement touchée. "La première fois où je me vois dans ce lit d'hôpital, je me rend compte que plus rien ne bouge chez moi. Mes jambes ne bougent plus, mes bras non plus et je n'arrive plus à parler, explique-t-elle. Là c'est une prise de conscience : je suis persuadée que je vas rester dans cet état toute ma vie", confie-t-elle.
C'était sans compter sur sa rage de vivre. Après trois mois d'hôpital, elle consacre toute son énergie à dompter ce corps abîmé. "Je vois très tôt que des évolutions sont possibles et ma première motivation, c'est ma fille, affirme Mélanie. Je me dis qu'elle n'a même pas 2 ans elle n'a rien demandé et elle doit avoir des parents en bon état, le mieux possible. Ca sera ma motivation tous les jours pour qu'elle ait une maman la plus normale possible."
Pur l'instant, Mélanie a encore besoin de son fauteuil roulant pour se déplacer. Il y a quelques semaines, elle a subi une nouvelle opération, la 23e en un an. La jeune femme de 30 ans a mis du temps à accepter toutes ses cicatrices : "Au début, c'était quelque chose de négatif et on m'a répété que c'était mes blessures de guerre. Elles font partie de moi, il ne faut pas que j'en ai honte".
Se marier pour conjurer le sort
En mars dernier, Mélanie a réussi à tenir debout pour la première fois dans la piscine du centre de rééducation L'Espoir, à Lille. C'était à la force de ses bras. "Je crois que j'ai pleuré cinq minutes avant de pouvoir reprendre les exercices. Pour moi c'était improbable, c'était un miracle", reprend Mélanie.
Si elle s'applique particulièrement ces derniers temps, c'st parce qu'elle compte bien pouvoir marcher jusqu'à l'autel dans quelques jours, dans sa robe de mariée. "C'est une fierté de montrer à nos proches qu'un an après, on est debout tous les deux et qu'on n'est pas en train de se faire pousser en fauteuil roulant", dit Mélanie.
Le couple a choisi de se marier un an presque jour pour jour après l'attentat. Leur manière de conjurer le sort. "On a pris cette décision pour supprimer cette mauvaise date du 17 août 2017 et de la remplacer en une date plus festive et essayer de tourner cette page", ajoute son futur mari, Guillaume Laurent.
Les yeux tournés vers l'avenir, même si ce drame fait à jamais partie de leur histoire. Ensemble ils ont choisi de créer une association, d'unir leurs forces pour soutenir les autres victimes de l'attentat.
Une association pour soutenir les victimes
Mélanie Cazé et son conjoint ont fondé une association après le drame de Barcelone. L'objectif : aider les autres victimes à se reconstruire.Pour contacter Mélanie au sujet de cette association, une adresse mail a été créée : victimesbarcelone170817@gmail.com. Le site web n'est en revanche pas encore mis en ligne.