Les mineurs de moins de 15 ans ont désormais l’interdiction de circuler dans les rues d’Hesdin entre 22 heures et 6 heures du matin. Matthieu Demonchaux, le maire de la ville, explique cette décision.
Tags, braquages, vols, incendies... Les adolescents de la ville d'Hesdin seraient plus que turbulents depuis le début de l'été. Pour lutter contre les dégradations perpétrées par un groupe d'enfants de 10 à 13 ans, le maire d'Hesdin a mis en place un couvre-feu de 22 heures à 6 heures du matin. Un arrêté en vigueur "jusqu'à nouvel ordre". Il précise les raisons de cette mesure.
En quoi ce couvre-feu était-il nécessaire ?
"La ville a subi pas mal d’incivilités ces dernières semaines. Déjà, on a des tags un peu partout : sur les rideaux de commerçants, sur des biens privés et publics… Récemment, des jeunes se sont introduits dans la salle du Manège, notre salle de spectacle, où ils ont cassé un certain nombre de choses. Deux colonnes d’apport volontaire ont également été incendiées et le distributeur de plats préparés d’un commerçant de la commune a subi un braquage. Au total, le préjudice est de 14 000 euros rien que sur les biens publics."
Qui est responsable de ces dégradations ?
"Ces actes sont le fait d’une bande de cinq ou six adolescents de 10 à 13 ans, qu’on connaît et qui sont identifiés par des vidéos. Les faits ne sont pas très graves mais je ne voudrais pas qu’ils le deviennent plus. Ce sont des bêtises de jeunes mais à ce stade, on tombe quand même dans la petite délinquance. La gendarmerie est débordée par les bêtises commises par les adultes, donc c’est compliqué de gérer les gamins en plus. Et l’idée c’est aussi de protéger les adolescents d’eux-mêmes : des enfants de moins de 15 ans n’ont rien à faire dans les rues après 22 heures. Un enfant de cet âge, il peut se faire renverser, enlever, violenter en pleine nuit… C’est aux parents d’être responsables et si les parents ne font rien, nous, on le fera."
Quelles autres pistes ont été explorées pour mettre un terme à cette situation ?
"Pour les différents faits dont je parle, une action judiciaire est en cours. On a par ailleurs cherché à faire de la sensibilisation auprès des parents, en convoquant les familles à la mairie. On a attendu les trois familles avec le capitaine de la gendarmerie, pendant 1h30. Personne n’est venu. Les parents disent que leurs enfants n’ont rien fait… Alors qu’on les voit faire leurs méfaits en vidéo.
Maintenant, la répression c’est une chose… Mais même s’il s’agit d’une population difficile, on doit accompagner ces enfants. Mon but, c’est de les intégrer. Via des associations sportives ou autres par exemple. On a raté la marche du quartier prioritaire et je le regrette. Ce que j’aimerais, c’est avoir un éducateur, dans la rue, pour discuter avec eux et rectifier le tir."
Combien de temps l’arrêté sera-t-il en vigueur ?
"Jusqu’à nouvel ordre donc peut-être pour toujours, et je l’assume ! Je ne peux pas faire un arrêté permanent à l’année. Alors le couvre-feu est valable pendant les vacances scolaires, les week-ends et les jours fériés. Les gens sont favorables et heureux de cette décision. Et le 1er janvier, l’arrêté sera étendu sur le périmètre de la commune nouvelle [le 1er janvier 2025, les communes d’Hesdin, Huby-Saint-Leu, Marconne et Sainte-Austreberth fusionneront pour n’en former qu’une seule, ndlr]."