Dès ce samedi 9 juillet, il sera interdit de fumer sur la plage du Touquet. Une politique encore inédite sur les littoraux du Nord, qui ne convainc pas tout le monde. Mais l'impact écologique du mégot est bien réel, et désastreux.
A partir du 9 juillet, il sera interdit de fumer sur la plage du Touquet. La mairie, tenue par Daniel Fasquelle (LR), met en avant des arguments sanitaires et écologiques. "Quoi de plus désagréable que de retrouver un jeune enfant qui joue dans le sable avec un mégot à la main, écrivent les services municipaux dans leur annonce. La Ville du Touquet-Paris-Plage a ainsi pour volonté de préserver l’environnement et de permettre à ceux qui viennent dans la station de profiter pleinement du bon air de la côte d’opale."
La mesure a été plutôt bien accueillie par les commerçants de la zone et par le public : en 2020, selon la Ligue contre le cancer, 81% des Français se déclaraient favorables à l'interdiction du tabac sur les plages. Sur les littoraux du Nord, c'est une première. Les communes ayant pris des arrêtés similaires sont des villes de tourisme de masse comme Nice, Marseille, ou Saint-Nazaire. A Berck, le maire Bruno Cousein, cité par la Voix du Nord, est loin d'être convaincu : "Dans le sud de la France, je comprends, les gens sont les uns sur les autres. Mais, sur la côte d’Opale, on a de la place." S'invite également dans le débat la question de la "liberté de fumer" et les effets des politiques coercitives.
Mais, écologiquement, l'impact de l'interdiction du tabac sur les plages est assuré. Le mégot, c'est la bête noire des services de nettoyage, et de tous les habitants des océans. D'abord, parce que le ramassage de ces déchets est un calvaire. Même si depuis 2021, les cigarettiers doivent financer les opérations de nettoyage public rendues nécessaires par la consommation de leurs produits, ces petits déchets qui se glissent dans le sable et progressent vers la mer à couvert sont difficiles à collecter efficacement.
Un mégot jeté, 10 ans de micro-plastiques dans l'océan
Le mégot est le premier pollueur des océans, selon le Centre d'information sur l'eau (C.I.Eau) : "sur 137 milliards de mégots jetés par terre chaque jour à travers le monde et sur cette quantité, 40 % échouent dans les océans." Plus proche de nous, 100 millions de mégots ont été ramassés à Lille sur la seule année 2017. Et les routes vers la mer, elles, commencent dans les égouts.
S'il faut absolument empêcher le bout de votre cigarette de prendre la route de l'océan, c'est qu'il est composé de matériaux nocifs, et se décompose à une lenteur dramatique. "Les filtres se dégradent entre 1 et 2 ans, mais l’un de ses composants, l’acétate de cellulose, met quant à lui près de 10 ans pour se biodégrader." Pendant ce temps, les micro-plastiques qu'il contiennent continuent d'essaimer dans les océans : des chercheurs, interviewés par le média NBC News, ont trouvé des traces de ces substances nocives dans 70 % des oiseaux marins et 30 % des tortues marines qu'ils ont examiné. Un seul mégot peut contaminer jusqu'à 500 litres d'eau, une pollution qui se répercute ensuite sur notre alimentation et nos eaux de consommation.
D'autant qu'en réalité, le filtre à cigarettes est loin d'être indispensable. "En dépit du marketing mené par l’industrie du tabac, aucun élément ne permet d’affirmer que les filtres présentent des avantages avérés pour la santé. L’OMS appelle les décideurs politiques à considérer les filtres à cigarettes pour ce qu’ils sont, à savoir des plastiques à usage unique, et à envisager d’interdire les filtres à cigarettes pour protéger la santé publique et l’environnement" écrivait l'Organisation Mondiale de la Santé, le 31 mai 2022.