« Toutes les femmes ont des choses à dire et c’est important de toutes les écouter », Camille Cerf, marraine de la Maison des femmes à Calais

A l’occasion du 2e anniversaire de la Maison des femmes à Calais, sa marraine Camille Cerf a participé à un atelier sur la confiance en soi, organisé par la structure vendredi dernier. Deux heures d’échanges à bâtons rompus, où Miss France 2015 s’est livrée sur ses engagements, son féminisme, ses rondeurs ou sa charge mentale de jeune maman.

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Un modèle inspirant et accessible pour la douzaine de femmes avec lesquelles elle a partagé ce temps d’échange. Au jeu des questions, Camille Cerf répond avec franchise et spontanéité. Et préfère le tutoiement.

Pourquoi avoir accepté de parrainer la Maison des femmes de Calais ?

Ça a tout de suite fait écho chez moi. Cela fait des années que je travaille avec notre association « Les bonnes fées », qui vient en aide aux femmes sur le volet médical (NDLR : fondée par d’anciennes Miss, l’association se mobilise pour améliorer les conditions de vie des femmes souffrant de cancers : https://www.lesbonnesfees.fr/)

Quand on m’a parlé de la Maison des Femmes à Calais, je me suis dit que c’était un super projet parce que les femmes rencontrent plein de difficultés, pas seulement des maladies. Les temps changent, mais ce n’est toujours pas facile d’être une femme. En plus, Calais est ma ville de naissance, cela me tenait d’autant plus à cœur d’être présente et d’apporter mon soutien à ce projet.

J’ai toujours pris le parti d’utiliser ma notoriété, que ce soit via les médias ou les réseaux sociaux, pour mettre en valeur les choses qui me sont chères. Dans chacune de mes interviews, j’essaye au maximum de sensibiliser à la cause féminine et à tous les combats féministes qui nous animent. Aujourd’hui c’est ce que je peux faire : m’engager dans des associations et sensibiliser les gens.

Est-ce que la Maison des femmes est un lieu que tu aurais pu fréquenter à l'époque où tu étais Calaisienne ?

Bien sûr ! J’avais plein de questions sur la sexualité, la contraception, etc. Des sujets dont je n’avais pas forcément envie de parler avec mes parents, ou que je n’osais pas évoquer avec eux. Je me souviens d’être allée au planning familial pour trouver des réponses ou chercher la pilule du lendemain. À l’époque, quand tu avais 16 ans et que tu allais là-bas, tu sentais le poids des regards, du jugement des autres. La Maison des Femmes est un endroit où tu te sens accueillie, quel que soit ton profil ou les raisons de ta venue.

Les réseaux sociaux sont-ils un bon vecteur pour parler de la cause des femmes ?

Bien sûr ! Sur mes réseaux, j’ai parlé des règles, de la sexualité, de la contraception, qui pèse encore entièrement sur les femmes. Il faut que ça change ! J’essaye d’aborder tous ces sujets pour qu’il n’y ait plus de tabou, que les gens se sentent d’en parler librement. En partageant mon vécu et mon histoire, de façon la plus authentique et naturelle possible, j’essaye d’apporter aux femmes de la bonne humeur et de la confiance en elles. Qu’elles puissent se reconnaître et se sentir moins seules face à certaines situations.

J’essaye aussi d’éduquer les hommes qui me suivent et mon conjoint à tous ces sujets qui sont importants.

Comment gères-tu les "haters" ? (les messages malveillants, ndlr)

Il y a un truc super sur Instagram, tu peux modérer toi-même les commentaires en dressant une liste de mots à retirer.  Moi, j’ai enlevé « grosse »,  « conne », « bête »... Si une personne essaye de mettre l’un de ces mots, elle a l’impression qu’elle a publié, mais le commentaire ne s’affichera pas.

Parlons de poids. Tu es maman depuis un an et demi et tu as choisi d'assumer tes rondeurs...

L’histoire du poids, c'est difficile. Depuis mes 15 ans, je ne m’étais jamais sentie bien dans ma peau. Pas un seul jour où je ne m’étais pas dit : « est-ce que je n’ai pas un kilo en trop, ou un qui manque ? Et aujourd’hui, à l’aube de mes 30 ans, je réalise que je ne me suis vraiment polluée l’esprit avec tout ça.

Quand j’étais Miss France, je faisais un 38. Je suis montée jusqu’au 46, aujourd’hui, je suis entre le 42 et le  44. J’ai gardé tous mes vêtements. Si un jour, je dois ouvrir une boutique, au moins j’aurai toutes les tailles. (rires)

Quand on se sent bien, les autres nous trouvent bien. C’est quand on est complexée que les gens se disent « il y a quelque chose qui ne va pas chez elle…  Elle essaye de cacher son bourrelet ».  Eh bien quand on l’assume, c’est ça qui est beau.

Alors bien sûr, j’ai des rechutes. Je ne suis pas toujours au top de ma confiance en moi. Mais la beauté n’est pas une question de chiffres.

La jeune maman que tu es porte-t-elle le poids de la charge mentale ?

Bien sûr ! La charge mentale, on la vit toutes, on la subit toutes. J’en ai discuté dernièrement avec mon conjoint. Nous sortions d’une interview pour un podcast, et j’avais rigolé parce qu’il avait l’impression qu’on partageait tout à 50/50. Sur le moment, je n’avais rien dit pour ne pas le vexer, mais en rentrant je lui ai dit : « As-tu par exemple déjà pris un rendez-vous médical pour notre fils ? Sais-tu que les vaccins, c'est tous les 3 mois au début ? » Il m’a répondu qu’il n’en savait rien. Donc oui, en fait, bien sûr, parfois, je me sens débordée.

Par exemple, je n’ai jamais fait ma rééducation périnéale.

Je n’ai jamais trouvé le temps. Après l’accouchement, c'était impossible, puis j’ai repris le travail au bout d’un mois, donc il a fallu que je gère tout et au final, un an et demi après, je ne l’ai toujours pas faite.

Tant que les femmes ne seront pas plus écoutées et n’auront pas plus de pouvoir, ce sera compliqué.

C’est vrai pour tout, y compris dans les choses les plus quotidiennes. Par exemple, ce sont des hommes qui créent les machines à laver alors que ce sont les femmes qui les utilisent majoritairement.  Mais j’espère bien qu’un jour, ce sera l’inverse. (rires)

Te considères-tu comme féministe ?

Oui. Même si certains considèrent qu’on ne peut pas être Miss France et féministe, je me considère comme telle.

Les féministes sont critiquées parce qu’elles sont considérées comme trop binaires.  Soit tout noir, soit tout blanc. Mais je pense qu’aujourd’hui, on a besoin de ça, de montrer tout ce qui ne va pas et peut-être d’en faire trop pour que demain, on arrive à l’équilibre.

Je suis féministe, parce que aujourd’hui c’est dommage d’empêcher les femmes, de brider leur parole. Toutes les femmes ont des choses à dire et c’est important de toutes les écouter.

Quel conseil peux-tu donner aux femmes pour gagner en confiance en soi ?

Se regarder comme on regarderait une amie ou sa fille, comment on aimerait qu’elle se regarde. On est très exigeante avec soi-même, jamais aussi méchante avec les autres qu’avec soi.

Donc il faut essayer de se regarder avec le plus de bienveillance et de gentillesse possibles. Avec du recul aussi.

Souvent, quand je reçois les photos d’un shooting, au début, je les déteste, ça m’arrive même de pleurer.

Finalement, je vais les regarder une semaine après et je me demande pourquoi je ne les aimais pas, on focalise parfois sur des trucs idiots. Essayer d’être gentille avec soi-même, faire des choses pour soi : un massage, un coiffeur… On a l’impression que ce n’est pas important, mais ça l’est. Cela permet aussi de souffler. Il sera toujours temps de penser à tout le reste une fois sortie de chez le coiffeur.

La Maison des femmes à Calais

Destinée aux Calaisiennes sans condition d'âge ni de ressources, la Maison des Femmes propose chaque semaine des ateliers pour prendre soin de soi et de sa santé, et répondre à des problématiques qui se posent aux femmes.  C'est aussi une solution d'urgence pour celles qui sont en grandes difficultés. Un lieu de répit, chaleureux et bienveillant pour toutes.


Elle est ouverte du lundi au vendredi de 09h à 17h.

 

Adresse : rue Hélène Boucher, 62100 Calais

  • 06 45 54 05 47
  • accueil-mdf@ccas-calais.fr

 

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