L'enfouissement des carcasses a eu lieu le 27 août dernier. Le maire de la commune déplore avoir été mis devant le fait accompli. Explications.
Ce sont sous des tas de gravats, à l'abri des regards, qu'ont été enfouis les restes d'animaux. À quelques mètres du site, les habitants ont appris la nouvelle par la presse.
"J'aurais aimé être informée en tant qu'habitante, je me demande d'où ils viennent, pourquoi ils sont morts et pourquoi ils sont chez moi", exprime une riveraine sur le pas de sa porte.
L'enfouissement des carcasses a eu lieu le 27 août sur décision préfectorale pour pallier les difficultés techniques rencontrées par deux usines d'équarrissage situées dans l'Orne et dans l'Aisne.
Dans les mains du maire d'Hersin-Coupigny, où se trouve le site d'enfouissement, l'arrêté administratif reçu deux jours avant l'arrivée des carcasses... Il déplore un manque d'information :
"On a été mis devant le fait accompli : c'est un arrêté du 25 août avec un enfouissement le 27 août. Comment pouvons-nous réagir en une journée ?", réagit Jean-Marie Caramiaux, maire de la commune.
D'autant que ni le maire ni les habitants n'ont été informés de l'état et de l'espèce de ces animaux... Ni de leur lien - éventuel - avec la récente épidémie de fièvre catarrhale.
De son côté, la société Suez, qui gère le site, confirme simplement la réception de 120 tonnes de sous-produits carnés. Un enfouissement qui intervient dans un contexte tendu : Véolia envisage de déposer une demande d'autorisation pour la création d'un site de stockage de déchets dangereux à proximité...
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Un projet qui passe mal pour Bastien Coquery, élus de Fresnicourt-le-Dolmen, opposant à ce projet et qui s'estime "révolté". "J'espère qu'ils les ont enfouis dans des conditions que j'espère être favorables. Mais c'est le symbole : site d'enfouissement de déchets non dangereux, site d'enfouissement de déchets dangereux demain peut-être..."
114 tonnes enfouies le 27 août 2024
Sollicitée, la préfecture du Pas-de-Calais apporte quelques éclairages. L'entreprise Atemax chargée de l'équarissage dans le nord et l'ouest de la France a connu des difficultés cet été en raison des pics de chaleurs. "Plusieurs sites de traitement des déchets non dangereux ont ainsi été recherchés et identifiés au niveau national en vue d'être mobilisés pour prendre en charge les stocks de matières fortement dégradées, dans le respect de la protection de la sécurité sanitaire et de l'environnement". Pour la région des Hauts-de-France, la décharge d’Hersin-Coupigny gérée par Suez a notamment été mobilisée dès lors qu’elle était en capacité de recevoir de tels déchets.
"Le préfet du Pas-de-Calais a pris dans ce cadre un arrêté le 25 août fixant plusieurs prescriptions afin que ce traitement se déroule sans risque pour l’environnement et que les éventuelles nuisances soient limitées au maximum :
- les apports ont été planifiés le même jour ;
- des zones de réception dédiées ont été préparées la veille ;
- dès réception, les carcasses ont été recouvertes de matériaux inertes ;
- tout risque de départ de feu a été surveillé et un arrosage préventif de la zone d’exploitation avec un produit désodorisant a été réalisé. Au total, 114 tonnes de carcasses animales ont été acheminées et prises en charge le 27 août dernier au cours d'un unique apport. Il n'y en a pas eu d'autre."
"Tsunami"
La société Atemax explique avoir eu parfois jusqu'à 150% de demandes supplémentaires cet été. Les éleveurs déplorant des morts d'ovins, de bovins, ou de volailles. Sur les raisons, météorologiques ou sanitaires, de ces décès d'animaux : pas d'explication pour le moment, l'équarrisseur n'étant pas tenu d'enquêter, ni de rendre des comptes sur la question. Mais c'était, en quantité, "une espèce de tsunami". "Normalement, nous travaillons en flux tendu : les usines comme celle de Vénérolles, dans l'Aisne, sont vides le soir, les animaux morts ayant été transformés en graisses ou en farines qui servent d'engrais organiques entre autres. Mais là, tous les soirs, on avait 1 500 tonnes de matière stockée", explique-t-on au service communication, qui assure que le transport et l'enfouissement de 114 tonnes à Hersin-Coupigny s'est fait en respectant la réglementation.
Avec, sur place, K. Helies et S. Bruhier / FTV