La guerre ne fait pas de quartier, ni aux hommes, ni à leur histoire. Quand les Allemands se sont retirés sur la ligne Hindenburg, ils ont détruit le donjon et les quatre tours du château de Coucy, rayant du paysage un des édifices les plus impressionnants d’Europe. Coucy devint un symbole de la barbarie ennemie.
Ces ruines sont superbes, mais il y a cent ans, elles étaient encore plus belles. Le Kaiser lui-même visita Coucy pendant l’occupation.
Avant de faire sauter les tours, les Allemands les photographient. Dernière vision de défenses bâties au 13ème siècle. Le donjon haut de 54 mètres est mis à bas.
La presse française, les historiens s’émeuvent quand ils découvrent l’étendue des dégâts : « Le fier château de Coucy, merveille de notre architecture féodale, n’est plus qu’une ruine lamentable.»
Une question se pose toutefois : que faire de ce village et de son château ravagés ? Ils serviront d’abord la propagande. Le président Poincaré et le roi d’Italie découvrent les dégâts. On amène aussi des journalistes étrangers.
Outre Rhin, la presse justifie le désastre comme elle peut : « La vie d’un seul soldat allemand est plus précieuse qu’une douzaine de castels en ruines ». Les militaires français ré-occupent les lieux, mais les politiques s’en mêlent. L’armée ne doit pas faire n’importe quoi.
Paul Doumer est conseiller général de l’Aisne. Futur président de la République, il réclame la conservation des ruines telles quelles, pour l’édification des générations futures. Il veut que nul n’ignore la « destruction sauvage et haineuse de l’ennemi ». Coucy sera jumelée avec la commune voisine d’Auffrique pour que les habitants puissent se réinstaller.
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