En octobre 2012, un guichetier de 55 ans se pendait dans un bureau de poste de La Fère (02). Un cabinet d'expert avait été mandaté par le CHSCT de La Poste pour analyser les facteurs de risques psychosociaux dans la région. Son rapport, consulté par l'AFP, évoque une "situation alarmante".
Dans son rapport, un cabinet d'expert, mandaté pour enquêter après le suicide d'un employé de La Poste sur son lieu de travail en Picardie fin 2012, parle également du mal-être d'un quart du personnel dans la région.
Selon l'AFP, les experts indiquent qu'"un quart du personnel rencontré" fait face à "des troubles de la santé avérés et se retrouve dans des situations de mal-être, de tensions et de souffrance, avec une présence de symptômes physiques et psychiques".
Dans leur document de près de 300 pages, ils précisent que leurs analyses ont mis en évidence "une politique de réduction des effectifs très importante (...) au nom d'une diminution du trafic de courrier".
Le cabinet évoque un travail qui se fait en "mode dégradé", ajoutant que cela devient "progressivement la norme au sein des bureaux de Poste en Picardie".
Il va jusqu'à révéler une "organisation du travail pathogène" et juge que "seule une remise en cause a minima du modèle impulsé par la direction nationale (...) apparaît en mesure de faire évoluer significativement" la situation.
La direction de l'Enseigne La Poste de Picardie a réagi auprès de l'AFP en indiquant que même si elle "ne partage pas la totalité des conclusions
de ce rapport, elle s'engage à prendre en compte le ressenti exprimé". Elle a souligné "la très forte mobilisation" depuis le drame de 2012 "pour prendre
des mesures concrètes visant à améliorer les conditions de travail et la qualité de vie des collaborateurs" et relevé qu'un baromètre montrait une progression de la satisfaction des postiers "depuis plusieurs mois" en Picardie.
La Poste, qui emploie quelque 240.000 personnes, avait décidé d'alléger la pression sur les effectifs en recrutant un peu plus que prévu (15.000 personnes sur trois ans entre 2012 et 2014 au lieu de 10.000), après le suicide de deux cadres début 2012. Le nouveau patron de l'entreprise Philippe Wahl, qui entend engager rapidement des discussions avec les syndicats pour conclure un Pacte social, a récemment annoncé qu'il ne prendrait pas le même engagement pour 2015.