Le maire FN de Villers-Cotterêts censure une œuvre sur l'extrême droite. La ministre de la Culture Fleur Pellerin condamne cette décision dans une tribune.
Le livret d'une exposition consacrée au thème de la montée des eaux et présentée à la médiathèque de Villers-Cotterêts dans l'Aisne a été retiré par le maire FN Franck Briffaut. Ce livret comportait une oeuvre symbolisant "la montée de l'extrême droite". Et d'après les artistes la conférence de présentation de l'exposition a également été annulée par la municipalité.Ce jeudi, la ministre de la Culture Fleur Pellerin "condamne" le geste du maire de Villers-Cotterêts.
"Je condamne fermement le geste de Franck Briffaut et j'apporte tout mon soutien aux deux artistes dont l'oeuvre a été censurée", déclare Fleur Pellerin dans une tribune publiée dans l'Union, Le Courrier Picard, L'Ardennais, L'Est-Eclair et Nord-Littoral."L'art dérange. Il est même vital qu'il dérange et continue de déranger. Car c'est ainsi qu'il suscite la réflexion", poursuit la ministre, estimant qu'il est "vital d'agir pour que l'art échappe au contrôle du politique".
"En comparant la montée des eaux à celle de l'extrême-droite, l'exposition a dérangé le maire de la ville et le parti auquel il est affilié", souligne encore Fleur Pellerin dont la loi sur la liberté de création a été adoptée mardi par l'Assemblée.
Quelques jours avant le début de leur exposition "Sur terre en mer" le 8 septembre à la médiathèque de Villers-Cotterêts, la sculptrice Sophie Verger et la peintre néerlandaise Victoria Kloek avaient appris que "la conférence de présentation était supprimée et le livret retiré", avait indiqué la première à l'AFP.
En cause, selon elle, l'explication en-dessous d'une image intitulée "Les monstres arrivent comme une montée des eaux" où il était écrit que l'oeuvre pouvait symboliser "la montée de l'extrême-droite".
Assumant ce retrait et cette annulation, Franck Briffaut, élu maire en mars 2014, avait déclaré quelques jours plus tard qu'il fallait "faire en sorte que la culture reste la culture car il y a un temps pour tout". Les artistes "ont essayé de faire passer leur message. Je passe le mien", avait-t-il ajouté soulignant que "l'oeuvre a été exposée".