La pluie offre un répit aux agriculteurs mais n'écarte pas la sécheresse en Picardie

Après un mois de février historiquement sec, le retour de pluies importantes ces derniers jours offre un répit sur le front de la sécheresse, notamment pour l'agriculture. Cela reste insuffisant toutefois pour changer foncièrement la donne.

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On respire un peu du côté des agriculteurs. Si le mois de février leur a donné des sueurs froides, le retour de la pluie a quelque peu rassuré. "Les sols commencent à être un peu gorgés d'eau. Au moins pour les cultures cela va assurer une partie du cycle. Cela retarde un peu les semis de printemps mais on arrive à travailler", estime Vincent Vecten, agriculteur à Francières dans l'Oise. Son secteur, le bassin de l'Aronde, est l'un des plus touchés par le manque d'eau en Picardie. Il a été placé en alerte renforcée par les autorités.

Bruno Haas, agriculteur dans le sud de l'Oise porte un regard similaire sur la situation. "Globalement, nous n'avons plus de sécheresse de surface comme on l'avait en février. La situation était vraiment critique début mars avec une sécheresse superficielle. Il y a une certaine amélioration. La situation est moins inquiétante qu'on pouvait le craindre", réagit l'agriculteur.

Une pluviométrie au dessus de la normale

Les relevés météorologiques confirment l'amélioration. "En février en Picardie, nous avions entre 5 et 20 % des pluies habituelles. Là on a déjà dépassé un mois normal", note Valentin Kieny prévisionniste chez Météo France à Villeneuve D'Asq. 122 mm de pluie ont ainsi été enregistrés à Doullens dans la Somme, la plus haute valeur. 121 mm à Bernaville (80), 98 à La Selve dans l'Aisne, 94 à Abbeville. "Nous sommes largement au dessus de la normale. Il a beaucoup plu sur peu de jours en mars, mais c'est plus du ruissellement", poursuit le météorologue.

Pour Valentin Kieny, "cela reste en surface. Il est trop tard pour recharger les nappes, mais cela a bien compensé et il fait assez frais". Selon ses données, "en termes d'humidité des sols, on est dans la normale. Et même 30 % au dessus en baie de Somme". Les précipitations devraient d'ailleurs se poursuivre selon les prévisions. "Il devrait encore bien pleuvoir d'ici la fin de semaine et notamment vendredi avec le passage d'une perturbation", annonce le prévisionniste.

Pas de changement dans les nappes

Pour autant cette pluviosité marquée peut-elle écarter le risque de sécheresse ? Rien n'est moins sûr. Ces jours derniers, la Préfète de l'Oise a dû néanmoins prendre un nouvel arrêté pour relever les niveaux d'alerte sécheresse dans le département. Un texte assorti de recommandations de sobriété dans l'usage de l'eau. Les bassins de l’Aronde, l’Esches, le Matz et l’Oise-Aisne passent notamment en alerte renforcée et l'ensemble du département en vigilance.

Car pour les autorités, les dernières pluies ne changent pas véritablement la donne. "Le déficit pluviométrique de plus de 80 % sur les deux premiers mois de l’année impacte la recharge des nappes d’eau souterraine dont les niveaux sont exceptionnellement bas pour cette période de l’année et, malgré un épisode pluvieux depuis quelques jours, ne s’améliorent pas", indique la Préfecture de l'Oise. "Les pluies prochaines annoncées par Météo France ne permettront pas la recharge des nappes, qui constituent 90 % de notre ressource en eau".

L'administration entend donc appeler à la responsabilité et "inciter tous les usagers à réduire dès à présent et, durablement, leurs consommations, y compris sur les usages du quotidien".

Pour autant, le sentiment d'un répit domine chez les agriculteurs. "La situation est moins inquiétante qu'on pouvait le craindre. Il faut voir le temps qui va venir", tempère Bruno Haas. "On espère avoir des pluies régulières. Ca va tenir au moins les cultures pour éviter au maximum de pomper de l'eau. Les mesures de restriction on s'y attend. Certains avec sagesse ont fait évoluer leur assolement. C'est un répit qui était plus qu'attendu. On ne s'affole pas pour l'instant. On sait que ce sera une année tendue. tout dépendra de la météo", conclut son collègue, Vincent Vecten.

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