Après près de sept ans d'instruction, Jean-Christophe Canter, maire UMP de Senlis de mars 2008 à janvier 2011, comparaît depuis ce lundi devant le tribunal correctionnel de Senlis pour délit de favoritisme, prise illégale d'intérêt et complicité de corruption. Le procès doit durer jusqu'à mercredi
Elu maire de Senlis en mars 2008, contre le candidat officiel de l'UMP, Jean-Christophe Canter a été mis en examen après seulement 18 mois de mandat, soupçonné de favoritisme et prise illégale d'intérêts dans l'attribution de marchés publics.
A l'époque, M. Canter se défend en minimisant l'importance de la prise illégale d'intérêt : selon lui, elle ne portait que sur deux repas au Fouquet's, un repas dans la ville jumelée de Kiev (Ukraine) et une connexion internet dans cette ville pour un montant dérisoire de 430 euros.
Des marchés publics signés sans appel d'offres
Pourtant, l'instruction va révéler des faits plus graves et des sommes beaucoup plus élevées. Selon l'arrêt de la chambre de l'intruction de la cour d'appel d'Amiens, la ville de Senlis dirigée par Jean-Christophe Canter aurait confié des marchés de gré à gré à la société Evenement Consulting. Or, cette entreprise était gérée par Olivier Decrouy (autre accusé du procès), déjà condamné pour escroquerie et soutien efficace lors de la campagne municipale. Au total, ce sont dix-neuf marchés publics qui se retrouvent dans le collimateur des juges pour un montant totale de 258 000 euros.La justice reproche aussi à l'ancien édile des transactions douteuses entre son épouse artiste-peintre et la société de communication Verso, prestataire de services pour la mairie, ainsi que l'utilisation de la carte bancaire de la régie municipale à hauteur de 9 450€ que M. Canter avait relativisée le 29 janvier 2011, sur le plateau de l'émission La Voix est libre sur France 3 Picardie : « je tiens à rappeler que je n'ai jamais utilisé cette carte à des fins personnelles ».
Poursuivi pour corruption
Jean-Christophe Canter est également pousuivi avec l'ancien conseiller municipal Daniel Compiègne pour corruption dans l'affaire Wagram, du nom de l'entreprise de conseil gérée par sa soeur et dont l'ex-maire de Senlis était l'unique salarié : une société de promotion dirigée par M. Compiègne aurait versé de l'argent à Wagram en contrepartie de la mise à l'ordre du jour du conseil municipal d'une délibération concernant un dossier.Aux côtés de Jean-Christophe Canter, trois autres personnes comparaissent au cours de ce procès : deux de ses ex-colistiers (Bernard Zanzouri pour favoritisme et Daniel Compiègne pour corruption active) et le dirigeant de la société Evenement Consulting Olivier Decrouy, actuellement en détention dans le sud de la France. Jean-Christophe Canter se présente aujourd'hui devant le tribunal sans mandat. Il a démissionné de son poste de conseiller municipal au printemps dernier.
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