Agression à Montdidier : l'ado voulait que sa compagne "se taise", "pas la tuer"

L'adolescent qui a avoué avoir roué sa compagne de coups, vendredi à Montdidier, a été mis en examen et envoyé en centre éducatif fermé. "Il dit qu'il ne voulait pas la tuer, il voulait qu'elle se taise mais ne s'explique pas son geste", affirme l'avocate du mineur.

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"Il est choqué, très choqué, il ne s’explique pas ce qu’il a fait." Par ces mots, Me Djamila Berriah décrit et défend son client, un adolescent de tout juste 16 ans mis en examen pour tentative de meurtre. Il est soupçonné d’avoir voulu tué sa compagne, vendredi 20 février à Montdidier.

Les services hospitaliers ont pris en charge la jeune femme – dont le pronostic vital est engagé – après que le garçon les a lui-même alertés. Il a d’ailleurs reconnu les violences conjugales.

Une crise de jalousie


C’est son avocate qui décrit les faits. Vendredi vers 2h30 du matin, rentré chez ses parents après avoir passé la soirée avec son amie, le jeune homme aurait entamé une crise de jalousie. "Sa copine lui a envoyé un message plus 'explicite' que d’habitude, raconte Me Berriah, alors il est allé sur sa messagerie facebook et a compris qu’elle conversait avec un autre homme – pas un gamin, je précise."

A 4h, l’adolescent serait donc retourné chez son amie. Après des insultes, les violences auraient commencé : lui qui n’a jamais été connu des services de police ou de justice, lui, le garçon "décrit par tout le monde comme non-violent, timide, introverti, solitaire", aurait tenté d’étrangler sa bien-aimée.

Violence en deux actes


"Quand il se rend compte qu’elle ne respire plus, il décide d’aller chercher des secours à l’hôpital qui est proche", poursuit l’avocate. Mais alors qu’il était devant la porte, prêt à sortir, il retourne vers sa victime et la frappe de coups de pied à la tête et au ventre. "Il ne sait pas pourquoi, il ne peut pas l’expliquer", constate Me Berriah.

Ce n’est qu’ensuite que le jeune homme va, finalement, chercher les secours à l’hôpital. "Il est revenu à la maison avec eux pour demander pardon à sa compagne", précise l’avocate. Puis l’intéressé a été placé en garde-à-vue, où il a spontanément admis tous les actes de violence. Mais pas la volonté de tuer. "Il voulait qu’elle se taise, mais il n’a jamais été question de la tuer, il dit qu’il ne voulait même pas la blesser", rapporte Me Berriah.

Pas d’incarcération


Une information judiciaire a été ouverte avec mise en examen pour tentative de meurtre. Mais le jeune homme n’est pas incarcéré, malgré le fait que le procureur de la République et le juge d’instruction l’aient demandé. "J’ai dû plaider longuement, deux heures", confie Djamila Berriah. Elle a obtenu le placement de son client en centre fermé pour mineurs, loin de Montdidier.

Des cas de ce genre, j’en ai connu, mais là c’est un garçon en grande souffrance, choqué, atterré par ce qu’il a fait : j’ai rarement vu ça.


La victime est une femme de 23 ans. Sept années d’âge séparent les anciens amis devenus amants. Est-ce important ? Oui, selon l’avocate, car "on n’a pas la même mentalité à 16 ans qu’à 23 ans". Elle poursuit : "Pour lui, c’était son premier amour, ses premières relations sexuelles,… c’était un amour exceptionnel et fort, il n’y avait qu’elle qui comptait."

Elle était pour lui "un élément de stabilisation"


Or l’adolescent avait été fragilisé par une vie difficile, selon son avocate. "Il a subi plusieurs traumatismes graves, notamment la mort de son père quand il avait 10 ans, et un accident de la route dans lequel sa mère avait été blessée et le pronostic vital de son petit frère engagé", explique Me Berriah. "Cette femme était pour lui un élément de stabilisation, continue l’avocate. Il est très fragile psychologiquement, et je suis convaincue que les expertises psychiatriques vont le confirmer."

Le combat de Djamila Berriah s’annonce difficile à mener. Il n’est pas certain qu’au terme de l’enquête, dans deux ans ou plus, le jeune homme sera jugé comme mineur. Pas certain non plus que, d’ici là, sa présomption d’innocence soit respectée. Pas certain enfin que ses grands parents, et ses parents qui l’hébergeaient, supportent facilement ce drame et sa légitime médiatisation.
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