Donné pour mort il y a 20 ans à cause des CD, le disque vinyle n'en finit plus de renaître : un "revival" fêté ce samedi 18 avril par le "Disquaire Day", la manifestation des disquaires indépendants.
L'idée de la "journée des disquaires" est née en 2007 aux Etats-Unis sous le nom de "Record Store Day" et a essaimé en Europe et ailleurs dans le monde. Pour attirer les amateurs, les disquaires proposent ce jour-là des disques spéciaux ou rares. La 5e édition, qui a pour ambassadeur Dave Grohl (ex-batteur de Nirvana et désormais leader des Foo Fighters), se déroule ce samedi 18 avril.
En France, 210 disquaires indépendants participent (contre 1.500 aux Etats-Unis) dans 90 villes, soit "trois fois plus de disquaires cette année qu'en 2011", se félicite le Calif (Club Action des labels indépendants), l'organisation à l'origine du "Disquaire day" version française. Chaque année, une dizaine de disquaires ouvrirait en France, se réjouit-elle. Globalement, il y aurait en France 350 à 400 disquaires indépendants si on y inclut ceux faisant uniquement de l'occasion.
Rencontre avec l'un d'eux, Thierry Taupier. Il gère La Malle aux disques à Amiens.
Le programme du Disquaire Day
360 éditions spéciales de vinyles sont produites cette année pour le "Disquaire Day". Il s'agit de raretés disponibles en exclusivité samedi chez les disquaires participant à l'opération. On pourra dénicher des vinyles rares ou inédits de Air ou de Yael Naim, mais aussi de Christine & the Queens, Magma, David Bowie ou Bruce Springsteen.
La manifestation, en développement permanent depuis cinq ans, se prolongera aussi sur scène cette année avec une cinquantaine de concerts en France, notamment place de la République à Paris (programme complet sur disquaireday.fr).
A Amiens, la Malle aux disques (1, rue du Marché Lanselles) met à l'honneur : François Long, pour la sortie de son nouvel album "The Seven others" ; Vadim Vernay, qui présente en avant-première son 3ème album ; et Année Lumière, pour la sortie de son premier album.
Le revival du vinyle
Pour les disquaires indépendants, le vinyle est désormais incontournable : il représente 80% du chiffre d'affaires contre 30% en 2011. Le client type de ces boutiques, âgé de 18 à 35 ans, est plutôt un amateur de rock alternatif, précise le directeur du Calif, David Godevais. Un client prêt à débourser des sommes non négligeables car les vinyles neufs se vendent plus chers que les CD, entre 20 et 30 euros généralement. Un prix plutôt élevé qui s'explique notamment par le fait que la fabrication ne bénéficie pas "du même type d'automatisation" que les CD.
En France, les vinyles neufs représentent 3% des ventes des ventes physiques (CD, DVD, vinyles). Si le vinyle reste certes marginal (2,7% exactement des ventes), c'est le seul support en croissance, selon le dernier bilan annuel du Snep, principal syndicat des producteurs de disques. En 2014, 672.000 disques vinyles neufs ont été vendus en France (+42% par rapport à 2013). La tendance est la même en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.
10 millions de vinyles ont été produits cette année par MPO, le dernier fabricant français. Soit trois fois plus qu'en 2010, où cette production atteignait 3,7 millions, indique Vladimir Négré, porte-parole de la société mayennaise, leader français des supports audiovisuels. Le vinyle représente ainsi désormais 16% de son chiffre d'affaires, contre 8% il y a deux ans, ajoute-t-il. En vue du 5e Disquaire Day, MPO a ainsi battu en mars son record mensuel de production avec 980.000 vinyles produits. Ce qui n'empêche pas l'entreprise, échaudée par la baisse des CD audio, de rester prudente face à ce "revival".
Le retour des 33 tours relance le marché des platines, de retour dans les rayons en modèle design ou high-tech (avec port USB pour mettre ses vieux vinyles sur MP3). La Fnac confirme que ses ventes de platines "suivent les mêmes courbes" que celles des vinyles. "Cela double chaque année, même si on reste sur un marché assez marginal", explique-t-on au service de presse.