« Ô ma France, je t’ai donc retrouvée. C’est le bonheur que tu apportes ! »
Nous sommes en mars 1917 et pour la première fois de sa vie, Henriette Thiesset pleure de bonheur. Sa ville de Ham est libérée.
Depuis 1914, l’adolescente tient un journal, récit d’une lucidité et d’une maturité incroyables. Elle l’a entamé alors qu’elle n’avait que douze ans.
Henriette est la petite-fille d’un chef de gare, un poste stratégique. Alors, son grand-père se cache, laisse pousser sa barbe, et achète un tablier de jardinier. Il finira par se déclarer, par peur d’être capturé et exécuté.
Les Allemands vivent chez l’habitant. Soldats, officiers se succèdent, parfois amicaux, souvent brutaux. Il y a ce commandant, tigre en furie, terreur des femmes. Et puis son ordonnance qui apprend à Henriette un peu d’allemand. Un autre lui offrira un petit sapin pour Noël : Les occupants sont aussi des pères...
Henriette n’oubliera pas ce premier réveillon. Le canon tonne à quelques kilomètres de là et elle écrit : « les hommes ne forment plus de vœux de bonheur. Ils s’entretuent… » ; « Les soldats ne sont que des instruments qui obéissent à contrecœur ».
Elle raconte l’amertume d’une population prisonnière qui accuse la France de l’abandonner : « Que de dénonciations. Les vices se dévoilent. » La faim, le froid tournent les têtes.
1917, l’ennemi bat en retraite.
Cachés dans une cave, Henriette et sa famille sortent indemnes des destructions. Le château de Ham devant lequel les Allemands photographiaient les enfants n’est plus que ruine. Les habitants épuisés bouchent les trous pour aider les soldats français.
Les troupes du Kaiser reviendront au printemps 1918.
Henriette survivra à cette guerre et deviendra institutrice.
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