Le conflit entre la mairie du Crotoy et un marin-pêcheur, enchaîné au bâtiment pour revendiquer le droit de vendre des moules sauvages, s'est réglé en fin de journée. Pierre Vallé s'est détaché après avoir obtenu que l'arrêté problématique soit réexaminé.
« Je ne partirai pas d'ici tant que je n'ai pas de papier disant que je peux vendre mes moules sur le port », persistait Pierre Vallé, originaire du Crotoy et pêcheur au large de la commune depuis 20 ans. En début d'après-midi, il tenait le piquet devant la mairie après s'être enchaîné au bâtiment pour protester contre un arrêté municipal qui interdit le commerce des moules fraîchement tirées du bateau.« L'arrêté régissant la vente au port a été voté en conseil municipal en 2012 et en 2014, explique la maire Jeanine Bourgau. L'article relatif aux moules est pensé pour ne pas nuire aux mytiliculteurs [les éleveurs de moules]. » Les moules sauvages sont de moindre qualité et se vendent donc nettement moins cher que celles d'élevage.
Il n'y a qu'avec ça que je peux manger.
Pierre Vallé n'a l'habitude de vendre ni l'une ni l'autre. Mais la pêche est mauvaise en ce moment « et soumise à des restrictions », reconnaît même la maire. Or il s'avère qu'au Tréport (76), on trouve des moules et Pierre Vallé a profité du filon. « Il n'y a qu'avec ça que je peux manger », affirme le pêcheur de 52 ans qui entend bien vendre le produit de sa pêche sans restriction. Sophie Legros, son épouse, confirme : « Si on ne vend pas de moules alors on ferme notre point de vente dans la Halle au poisson ce week-end et les poissonneries n'en veulent pas, ils préfèrent les moules de bouchot [d'élevage et épurées]. »
Compromis
Le couple s'est présenté à la mairie avec les signatures de 12 des 14 mytiliculteurs du Crotoy se disant favorables à la levée de l'interdiction. La municipalité souhaite authentifier ces déclarations et s'est engagée à réexaminer le problème. « Nous allons reposer la question à toutes les personnes concernées, pêcheurs, marchands de poisson, éleveurs, et nous respecteront la majorité », assure Jeanine Bourgau.En attendant qu'une solution définitive soit trouvée et « si les gens autour le tolèrent », la mairie accepte de fermer les yeux pour les week-end à venir.