L'échec apparemment sans appel des discussions pour trouver un repreneur partiel à l'usine de pneus de Goodyear Amiens-Nord fermée en janvier a secoué la capitale picarde, dont les élus en ont appelé au gouvernement.
24h après le fiasco. Vendredi 28 novembre, l'espoir de trouver un repreneur pour Goodyear Amiens-Nord est parti en fumée, suite à un communiqué de la direction. La fin d'une lente agonie. La relance, aussi, d'un débat politique.
Le conflit social a duré six ans. La CGT était à la pointe. Puis l'ancien ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, montrait aux médias toute l'énergie qu'il disait dépenser pour sauver 333 emplois. Aujourd'hui, la droite amiénoise et le nouveau ministre de l'Economie, font un constat d'échec et accusent.
CGT et patron, même combat ?
Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, après s'être entretenu avec le patron de Titan, Maurice Taylor, a discuté vendredi 28 novembre avec les dirigeants de Goodyear, Brigitte Fouré, maire d'Amiens (UDI) et Alain Gest, député de la Somme et président d'Amiens Métropole (UMP). En admettant que les intervenants ressemblent dans la vie à ce qu'ils laissent paraître dans leurs déclarations médiatiques, alors la réunion a pu être mouvementée...
Du côté du ministère, l'entourage d'Emmanuel Macron reconnait qu'il reste "peu d'espoir d'une reprise" et déplore, surtout, "l'incapacité des parties prenantes au dossier de se faire confiance pour affronter ensemble les difficultés". La direction de Goodyear est visée. Le patron de Titan est coutumier des déclarations provocantes contre la France. Il a d'ailleurs recommencé sur France Info : "On ne peut pas racheter Goodyear à cause de vos lois. On doit reprendre au minimum 652 ou 672 ouvriers, c'est impossible. Au maximum, c'est 333 parce qu'après ce n'est pas rentable." Mais la CGT l'est également.
Et le gouvernement est ici rejoint par la droite amiénoise, au pouvoir depuis les dernières élections municipales et intercommunales. Elle a distribué vendredi les mauvais points aux responsables à leurs yeux de cet "immense gâchis social", du "jusqu'au boutisme" de la CGT à la "gestion approximative des ressources humaines" chez Goodyear.
Alain Gest a encore critiqué la CGT locale en déplorant qu'un accord de 2012 - 550 emplois sauvegardés dans le cadre d'un Plan de départs volontaires - ait finalement capoté. Pour enfoncer le clou, il s'est réjoui qu'une autre usine amiénoise du groupe, celle de Dunlop, qui avait accepté en 2007 un compromis avec la direction, ait son avenir assuré.
Quel avenir pour les salariés ?
L'entourage d'Emmanuel Macon estime que "l'attention collective doit désormais se concentrer sur l'avenir des salariés et de leurs familles et du territoire au travers de la venue de nouvelles activités créatrices d'emplois".
Brigitte Fouré et Alain Gest ont demandé un "rendez-vous" au Premier ministre, Manuel Valls, pour "être informés par le gouvernement des négociations qu'il est censé avoir eu avec" Goodyear et Titan, et savoir "quelles mesures il compte prendre pour la ré-industrialisation du site". Ils ont également annoncé une réunion extraordinaire en session commune du conseil municipal d'Amiens et du conseil d'Amiens Métropole le 4 décembre.
Le leader CGT de Goodyear Amiens-Nord, Mickaël Wamen, a qualifié de "énième farce", et de "mascarade sans nom" l'échec des discussions. Et surtout les motifs invoqués par Maurice Taylor, à savoir le nombre excessif de salariés à reprendre. Selon le syndicaliste, "Titan a tout intérêt à attendre pour qu'un jour il ait l'usine pour rien ou qu'on lui vende les machines agraires et tout le process".