Le Front national de Marine Le Pen a confirmé un peu plus dimanche son ancrage dans les Hauts-de-France, l'une de ses places fortes, arrivant en tête du premier tour de la présidentielle sur l'ensemble des cinq départements, devant Jean-Luc Mélenchon.
La présidente du FN, en troisième position lors du premier tour de 2012 avec 23,8% des suffrages, derrière François Hollande (27,9%) et Nicolas Sarkozy (24,09%), a cette fois nettement viré en tête dans la troisième région la plus peuplée de France, après l'Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes. La carte des 5 départements des Hauts-de-France est parlante : une seule couleur, le bleu marine.
Marine Le Pen ratisse en effet près 31,03% des voix, soit près de 10 points de plus que sa moyenne nationale et 220.000 bulletins de plus qu'en 2012. Elle s'inscrit aussi dans la lignée de son score des régionales de 2015, où elle avait terminé en tête au premier tour, avec 40%. La région Hauts-de-France, deuxième plus pauvre de France métropolitaine après la Corse, était alors devenue l'une des deux, avec PACA, où l'exécutif régional, dirigé par LR, compte le FN comme unique adversaire dans son hémicycle.
Xavier Bertrand, le président LR du conseil régional, a du reste rapidement appelé à voter pour Emmanuel Macron au second tour. "Dans cette région des Hauts-de-France, nous affrontons au quotidien l'extrême droite. Je n'adhère pas plus aujourd'hui qu'hier au projet de Monsieur Macron mais il s'agit bel et bien de barrer la route à l'extrême droite et à ses dirigeants, il en va de l'avenir de notre pays", a déclaré l'ancien maire de Saint-Quentin (Aisne), où le FN a aussi viré en tête.
Le FN progresse partout
La poussée du FN se manifeste sur tout le territoire. D'abord dans ses bastions du bassin minier comme Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), ville conquise en 2014 (46,50%, contre 35,48% au premier tour de 2012) ou dans l'Aisne à Villers-Cotterêts, seconde municipalité frontiste de la région (34,26%). C'est dans ce dernier département que Marine Le Pen atteint son plus haut régional avec 35,67% des voix.
Elle progresse aussi dans le Nord, terreau historique de la gauche et département le plus peuplé de France, où elle était encore nettement distancée au premier tour de 2012 (21,91%), derrière François Hollande (27,97%) et Nicolas Sarkozy (24,70%). La bascule est cette fois impressionnante: elle y totalise 28,22%, loin devant Jean-Luc Mélenchon (21,28%) et Emmanuel Macron (19,85%).
Marine Le Pen fait également course en tête dans la Somme (30,37%), symbole d'une France en voie de désindustrialisation, par exemple avec la fermeture annoncée de Whirlpool à Amiens. L'autre candidat estampillé Hauts-de-France, son adversaire du 2e tour Emmanuel Macron, qui avait lancé le mouvement En Marche! en avril 2016 dans sa ville natale d'Amiens, arrive loin derrière dans ce département, avec 21,75%.
A Amiens même, il se taille en revanche la part du lion, avec 28%, devant Jean-Luc Mélenchon (24,87%) et Marine Le Pen (18,42%). Le candidat de La France insoumise engrange pour sa part des performances notables dans certains secteurs dominés autrefois par le PS, en particulier dans le Nord.
Le plus symbolique : Lille, dont la maire PS Martine Aubry n'avait pas ménagé son engagement au côté de Benoît Hamon. Avec 29,92% des voix, Jean-Luc Mélenchon y réalise l'un de ses meilleurs scores dans une grande ville de province. Benoît Hamon ne démérite pas à Lille non plus,
avec ses 10,91%. Maigre consolation pour la gauche, la capitale régionale demeure ainsi bel et bien un territoire à sa main.