Rio 2016 – Paralympiques : les cinq secrets de Fabienne Saint-Omer-Delepine (basket fauteuil)

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Les jeux paralympiques 2016 arrivent à grand pas. A cette occasion, la rédaction web de France 3 Nord Pas-de-Calais vous présente les six sportifs du Nord et du Pas-de-Calais qui défendront les couleurs bleues à Rio. Aujourd’hui Fabienne Saint-Omer Delepine, basketteuse hazebrouckoise.

« Les voix se taisent et tout devient aveugle et sourd, minuit se lève en haut des tours. Envole-moi, loin de cette fatalité qui colle à ma peau ». Cette chanson de Jean-Jacques Goldman pourrait se prêter à l’histoire de Fabienne Saint-Omer Delepine. La tour de contrôle de l’équipe de France féminine de basket fauteuil participe à 44 ans à ses deuxièmes jeux paralympiques. « On n’est pas mal. On a fignolé les derniers détails dans notre stage de préparation. On va essayer de se qualifier pour les quarts de finale  et terminer septième. Ça va être difficile mais on peut le faire, il faut avoir de l’ambition sinon on n’a qu’à rester chez soi ! Les jeux c’est un super évènement qui nous permet de rencontrer énormément de sportifs handicapés de tous horizons. »

Le collectif avant tout

La faire parler d’elle n’est pas une sinécure. De sa voix rocailleuse, elle s’exprime toujours au nom du collectif. « Depuis 4 ans on a un superbe groupe. C’est vrai que plusieurs individualités se détachent, mais on vit bien ensemble. On discute, on s’explique si nécessaire et on repart à zéro ensuite. » Progressivement, elle passe du « nous » au « je » sans trop s’en rendre compte. « Notre coach mental nous a mises en confiance. Il m’a beaucoup fait progresser. Il m’a libéré du stresse, m’a fait travailler ma posture et trouve toujours les bons mots pour me motiver avant les matchs. »

Publié par Rio 2016, une aventure en bleues. sur mercredi 17 août 2016


« Je dois me battre pour gagner ma place »

Calme et sereine, Fabienne fait figure de plus grande : tant sur le plan de la taille que sur celui de l’âge. A 44 ans, elle côtoie des jeunes filles de 20 ans encore à la fac. Les deux générations y trouvent leur compte. Elle ne porte pas le brassard de capitaine et ne le revendique pas, mais la « tour » Fabienne apporte beaucoup. « On s’entend bien. Les filles aiment s’appuyer sur la tour sur le terrain. La transmission se fait sans que l’on ne s’en rende compte. Elles dynamisent l’équipe avec leur jeu et leur fraîcheur, moi je leur apporte mon expérience et des éléments de tactique. Les jeunes viennent me voir et je les écoute. Je les motive. Elles ont besoin d’un discours positif. Je dois me battre pour garder le rythme et gagner ma place. »

Manque de soutien

Elle n’ose pas trop l’évoquer mais finit par regretter un manque de soutien. Les instances françaises y prennent pour leur grade. « Je ne sais plus trop quoi penser. Notre staff a fondu de moitié pour Rio. Nous n’avons plus que notre coach et un kiné qui s’occupera uniquement des questions médicales. Autrement dit on va devoir mettre la main à la patte et s’occuper d’autre chose que du sportif pendant la compétition, la lessive et des détails administratifs, par exemple. La fédération a refusé de délivrer une accréditation pour notre coach mental qui nous soutient depuis plus de 4 ans. »
D’autre part, le CIO a éteint la flamme olympique et a déjà renvoyé le drapeau à Tokyo pour la prochaine olympiade. Fabienne ne s’en remet pas et revendique sa place dans une famille olympique qui fait preuve de dénigrement. « Je comprends que les jeux paralympiques ne se déroulent pas en même temps que les valides, ça n’est ni évident ni gérable. Mais le CIO devrait faire attention au relais entre la compétition des valides et des paralympiques. Qu’on se le dise, il ne s’agit plus de la même compétition. Pourtant nous restons des êtres humains et nous faisons partie de l’histoire olympique. On gagne autant de médailles que les valides ! »

Fière d’être nordiste

Elle s’entraîne à Lille, travaille pour un lycée d’Hazebrouck, vit dans le Pas-de-Calais et porte un nom d’une grande ville de la région. Comment peut-on incarner mieux qu’elle le Nord-Pas-de-Calais ? « Je suis fière de représenter la région Hauts de France. Je suis une pure nordiste. C’est mon petit coin que j’aime bien. Ma ville me suit et je suscite des attentes. J’ai plein de messages qui me soutiennent. » Fabienne ne vit pas de son sport à l’instar des Britanniques, Américaines ou bien d’autres basketteuses fauteuil dans le monde. Elle s’occupe du secrétariat de direction responsable du réseau informatique d’un lycée. Mais elle profite depuis cette année d’un petit coup de pouce : « J’ai signé une convention d’insertion professionnelle en liste jeune. Le contrat offre des aides financières correspondant à mon salaire à mon entreprise. Cela compense le manque à gagner de mon employeur pendant les jours libérés que je prends pour m’entraîner. »


Rituel d’avant match

Afin de se prémunir du stresse d’avant match, Fabienne a élaboré avec son coach mental une tactique. « J’écoute de la musique pendant le trajet. Des morceaux qui bougent pour me vider la tête. Dans le vestiaire ensuite, je prends une feuille de papier où j’écris des pense-bêtes, des éléments dont je dois me rappeler pendant le match. Il s’agit souvent de gestes : block out, lever le ballon, etc. ça me permet de me concentrer. » Le 8 septembre à 19 heures sur France 4, les bleues jouent leur premier match de poule. Fabienne n’écoutera pas Jean-Jacques Goldman qu’elle aime bien (« ça ne bouge pas assez »). Le compositeur français lui rappelle néanmoins les paroles de la chanson : « J’m’en sortirai, j’me le promets, et s’il le faut j’emploierai des moyens légaux. Envole-moi. »
Dates-clés
19 février 1972 : Naissance à Hazebrouck
2012 : participation aux jeux paralympiques de Londres
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