C'est à Fleury-Mérogis, plus grande prison d'Europe située à une trentaine de kilomètres de Paris, sous le régime très strict de l'isolement et sous vidéosurveillance, qu'a été incarcéré Salah Abdeslam.
Transféré mercredi de Belgique en France et placé en détention provisoire, le suspect-clé des attentats de novembre 2015 à Paris "est pris en charge avec les conditions maximales de sécurité", "en quartier d'isolement et dans une cellule seul" à Fleury-Mérogis, a déclaré le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas. Avec une particularité frappante: "La cellule est équipée d'un dispositif de vidéosurveillance, dont les modalités d'usage ont été fixées conformément aux exigences de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales et du droit français de la protection des données personnelles", a affirmé le garde des Sceaux.
Vidéosurveillance : une première en France
"La pérennisation éventuelle de cette mesure fera l'objet d'une étude complémentaire", a-t-il ajouté. L'incarcération d'un détenu dans une cellule équipée d'une vidéosurveillance est "une première en France", a expliqué à l'AFP une source pénitentiaire. Il existe déjà dans nombre d'établissements des cellules de protection d'urgence (CPU) équipées de caméras mais elles sont réservées aux détenus suicidaires en période de crise et ne peuvent être utilisées que pour une période de 24 heures.Actuellement, 4.378 personnes sont incarcérées à Fleury-Mérogis, qui dispose d'une capacité de 2.855 places. Soit un taux d'occupation, ou plutôt de surpopulation, de 153,2%. La prison a vu passer, entre autres détenus célèbres : Jacques Mesrine, la proxénète "Madame Claude", Michel Fourniret, ou plus récemment Jérôme Kerviel. C'est de Fleury-Mérogis qu'a eu lieu la première évasion en hélicoptère en France, en février 1981.
Le 22 décembre 2015, c'est là que s'est suicidé Yassin Salhi, qui avait décapité son patron et attaqué un site gazier en juin en Isère, recourant à une mise en scène islamiste. En février 2010, Jean-Pierre Treiber, unique accusé du double assassinat de Géraldine Giraud et Katia Lherbier en 2004, s'y était donné la mort, deux mois avant son procès.
Une heure de promenade
Régime prévu par le code de procédure pénale dans un souci de "protection ou de sécurité", le placement à l'isolement est décidé initialement pour une durée de trois mois, renouvelable. Au-delà d'un an, il appartient au ministre de la Justice de le prolonger éventuellement. Au-delà de deux ans, l'isolement ne peut être prolongé qu'à "titre exceptionnel". Un détenu placé à l'isolement - à ne pas confondre avec le "mitard", qui est une mesure disciplinaire - est seul en cellule, et généralement coupé des autres détenus.Selon les termes de la loi, il "conserve ses droits à l'information, aux visites, à la correspondance écrite et téléphonique, à l'exercice du culte", notamment. Il "bénéficie d'au moins une heure quotidienne de promenade à l'air libre", mais dans une cour réservée.