Mardi 4 janvier, trois personnes ont été condamnées pour violences aggravées sur le personnel de l’hôpital d’Abbeville, dans la Somme. Sa direction assure mener une réflexion sur la sécurité des lieux.
"Je ne dois pas être la seule à avoir mal dormi ce soir-là", témoigne cette infirmière visiblement toujours émue, quatre jours après les faits. Estelle assurait l’accueil des urgences du centre hospitalier d’Abbeville, dans la Somme, quand sept membres du personnel ont été blessés le matin du 1er janvier. Vers 7h40, deux hommes ont profité de l’entrée d’ambulanciers pour pénétrer dans le service, sans masque. Ils étaient à la recherche de leur mère hospitalisée la veille et eux-mêmes alcoolisés.
"Tout le monde a pris des coups, décrit celle qui travaille dans l’établissement depuis 21 ans. J’ai vu ressortir un ambulancier le visage en sang, avec le nez cassé. Un autre avec un œil doublé de volume, qui était déjà bien bleui." Véronique raconte quant à elle être intervenue quad elle a vu son "collègue se faire fracasser à coups de poings". "J’ai atterri dans la paillasse qui était derrière, explique l’aide-soignante. Là, j’ai très mal à la nuque. Comme quand on a un torticolis, avec des difficultés pour bouger."
Des "pistes" pour sécuriser l'hôpital
Cinq personnes ont décidé de porter plainte. Jugés en comparution immédiate à Amiens, les trois mis en cause évoquent un malentendu. Ils ont été condamnés à dix-mois de prison dont huit fermes sous bracelet électronique. Un message "très important" pour la direction de l’hôpital, alors que ses personnels témoignent d’une inquiétude grandissante.
De la violence, on en vit au quotidien par des insultes, par des gens mécontents. On fait avec. Mais on sent que ça monte, depuis quelques temps. On a déjà eu une altercation il y a un mois et demi, où les gens en sont aussi venus aux mains contre nos collègues. C’est récurrent et là, c’est encore plus violent. On ne se sent même plus en sécurité quand on vient travailler.
Estelle, infirmière aux urgences d'Abbeville
"On se doit de travailler à la protection de nos personnels", reconnaît Corinne Sesnechal, directrice de l’établissement. "Les pistes, ce sont la vidéo-surveillance, détaille-t-elle. Ça veut dire aussi des sas qui permettent de séquencer l’entrée dans le service des urgences. Même si c’est un lieu de passage, donc c’est difficile de fermer les portes de l’hôpital."
La direction n’écarte pas non plus un renforcement de l’équipe de sécurité. Un CHSCT doit être tenu à ce sujet demain matin. La police pourrait aussi réexaminer les plans des nouveaux locaux, où les urgences doivent s’installer en septembre prochain.