Depuis un an, un camion transformé en épicerie solidaire se déplace dans les quartiers d'Amiens pour proposer aux ménages modestes des produits alimentaires et hygiéniques à moindre coût.
Lancé à peine deux mois avant l'annonce du premier confinement, le projet d'épicerie solidaire itinérante de Coallia s'est révélé plus que nécessaire tout au long de l'année 2020. La "dépanneuse", c'est son petit nom, se déplace entre Etouvie, Amiens-Nord et Pierre-Rollin chaque semaine depuis un an pour permettre aux bénéficiaires de faire des courses à moindre coût.
Donner accès à des produits de base
Denrées alimentaires et produits d'hygiène, issus de dons ou achetés par l'association, y sont proposés pour 15% à 20% du prix affiché en magasin. "Les produits d'hygiène, c'est ce qui nous manque le plus, c'est très coûteux donc il y a une grosse demande et on a du mal à y répondre, explique Marie Delafosse, coordinatrice de l'épicerie. Le plus demandé, c'est le shampoing, le dentifrice, le gel douche, mais on ne peut pas en proposer toutes les semaines. Il n'y a que les protections périodiques qu'on fait en sorte d'avoir tout le temps, c'est important pour nous de pouvoir le proposer, mais on doit les acheter nous-même car nous n'avons pas de dons sur ces produits." Il n'y a que pendant le premier confinement que le camion ne s'est pas déplacé : un système de drive avait été mis en place. Les bénéficiaires pouvaient venir chercher un colis par semaine pour deux euros.
Aujourd'hui, 60 ménages en bénéficient, orientés vers l'épicerie par les travailleurs sociaux qui les accompagnent. Le seul critère : un "reste à vivre" de moins de huit euros par jour et par personne. Parmi les bénéficiaires, on trouve des personnes seules (plus de femmes que d'hommes), mais aussi des familles, parfois monoparentales.
"Ils remplissent un dossier, ça passe en commission, et s'ils sont éligibles ils ont accès au dispositif pendant quatre mois. C'est renouvelable une fois, entre un et trois mois, donc quoi qu'il arrive ça ne dépasse pas sept mois", précise Marie Delafosse. Ce système permet un roulement parmi les bénéficiaires. "Il y a à peu près trois semaines d'attente pour les nouveaux bénéficiaires. Pour qu'ils rentrent dans le dispositif, il faut attendre que certains en sortent, parce que 60 ménages, ça représente environ 200 personnes, et c'est vraiment le maximum de ce qu'on peut assumer."
Apprendre à vivre mieux en dépensant moins
Mais la coordinatrice fait également en sorte que les personnes sortant du dispositif avec une meilleure gestion de leur budget et des astuces pour faire des économies. "Ce n'est pas une simple distribution alimentaire, notre rôle c'est aussi de mettre en place des actions collectives auxquelles ils s'engagent à participer."
"Par exemple, on leur propose des ateliers : comment cuisiner à moindre coût et avec peu d'ustensiles, faire des fruits et légumes qui ne sont plus très jolis mais encore mangeables, ou comment fabriquer ses produits d'entretien. La lessive par exemple, on nous en demande souvent, mais quand on la fabrique soi-même ça coûte très peu cher. On essaie aussi de leur donner des astuces pour faire des économies d'énergie."
Un accompagnement qui tient à cœur à Marie Delafosse, même si elle s'est heurtée à des difficultés liées aux restrictions sanitaires. "Malheureusement, on ne peut plus faire venir deux ou trois familles en même temps aux ateliers. C'est dommage parce que ça permettait de créer du lien entre les familles, regrette-t-elle. En ce moment, on fait venir une seule famille à la fois, mais c'est déjà bien que la famille vienne, ça crée du lien entre les membres, c'est important aussi."
Une autre épicerie, à destination des jeunes entre 17 et 29 ans, est installée rue de la Hotoie, et fonctionne sur le même principe. Deux salariées et deux volontaires en service civique travaillent pour faire fonctionner les deux épiceries.
Pour faire des dons, les particuliers peuvent s'adresser à l'adresse mail suivante : la-depanneuse@coallia.org