Affaire Kulik : la Chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Amiens a reçu les parties ce matin pour leur notifier l'existence d'une lettre anonyme reçue par le parquet en février. Elle a mis en délibéré au 13 avril sa décision sur l'audition d'une témoin citée dans ce courrier.
Une témoin citée dans une lettre anonyme pourrait être entendue dans l'affaire Elodie Kulik, ce qui repousserait la décision du renvoi devant les assises de Willy Bardon, principal suspect du viol et du meurtre de cette jeune femme en 2002, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Amiens a mis en délibéré au 13 avril sa décision sur l'audition de cette témoin, ancienne gérante d'un bar, requise par l'avocat général lors de l'audience de vendredi.
L'auteur de la lettre anonyme affirme dans son courrier avoir entendu cette femme expliquer qu'un troisième homme fréquentait régulièrement Willy Bardon et Grégory Wiart, deux amis, dans son établissement d'un petit village de l'Aisne, selon Me Didier Robiquet, avocat du père d'Elodie Kulik.
Wiart avait été confondu en 2012, dix ans après les faits, par recoupement d'ADN, mais il était décédé quelques mois après le meurtre dans un accident de voiture.
Rappel des faits
Alors âgée de 24 ans, Elodie Kulik, directrice d'une agence bancaire à Péronne (Somme), avait été violée puis étouffée en janvier 2002 et son corps avait été retrouvé en partie calciné dans un champ proche de Péronne.
Avant d'être tuée, elle avait eu le temps d'appeler avec son téléphone portable les pompiers qui avaient distingué, derrière la voix de la victime, au moins deux voix d'hommes avec un fort accent picard.
Celle de Willy Bardon avait été reconnue par l'ancienne compagne de Wiart et par cinq des six hommes placés en garde à vue en même temps que lui en janvier 2013. Le suspect avait lui-même dit aux enquêteurs que la voix sur la bande sonore ressemblait à la sienne, avant de se rétracter, niant toute implication dans l'affaire.
Il a saisi la chambre de l'instruction, pour contester son renvoi devant les assises de la Somme, signifié en 2017. La décision de la chambre a donc été repoussée, dans l'attente de l'éventuelle audition de cette nouvelle témoin.
La piste d'un 3e homme est cependant accueillie avec circonspection par Me Robiquet : "le fait que Bardon et Wiart évoluaient au sein d'une bande de copains, fréquentant des bars à une période contemporaine du meurtre, est une affaire connue. On va sans doute découvrir qu'on connaît déjà ce troisième homme... Mais il vaut vérifier, 'fermer la porte', comme on le dit en termes judiciaires", a-t-il expliqué à l'AFP.
"Nous attendons le délibéré et l'audition très probable de cette témoin pour réagir", a déclaré l'un des avocats de Bardon, Grégoire Lafarge.
Me Stéphane Daquo ajoutant : "C’est une pièce de l’instruction donc je n’entends pas développer outre-mesure ce qui est dit. C’est juste une personne qui indique que quelqu’un serait en mesure de témoigner d’un certain nombre de faits".