À Amiens, le projet de deux étudiantes en médecine pour briser les tabous liés au cancer du sein

Deux étudiantes en médecine lancent cet été le projet Artémis : une initiative destinée à informer le public sur le cancer du sein et inciter les femmes de tous âges à effectuer un dépistage régulier.

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Les femmes atteintes d'un cancer du sein sont malades mais elles ne sont pas différentes. C'est le message que souhaitent transmettre Kate Le-Van-Phung et Florine Muller, deux étudiantes en médecine, en lançant le projet Artémis. Un message destiné à faire changer le regard sur la maladie : celui du grand public comme celui des femmes atteintes de la pathologie.
 


Pour ce faire, les deux amies ont élaboré un programme en deux temps. La première partie, une phase de discussion, s'adressera à "toutes les femmes touchées par la maladie, explique Kate Le-Van-Phung, qu'elles soient en traitement ou en phase de rémission, du moment qu'elles ont envie de parler." La seconde sera organisée à destination du public et prendra la forme d'une exposition photographique présentée au CHU d'Amiens pendant l'opération Octobre rose, dédiée à la prévention contre le cancer du sein.

Discussions et séance photo

L'idée de ce projet germe dans la tête de Florine Muller il y a environ six mois, lorsque cette passionnée de photographie découvre le Egg Head Challenge, un hashtag lancé sur les réseaux sociaux qui invite les femmes atteintes d'un cancer à montrer leur crâne chauve. Inspirée par cette initiative, l'étudiante décide de se lancer dans un projet photographique similaire.
 

"Nous avons pensé que si l'on voulait inciter des femmes à poser devant nous, il était nécessaire d'instaurer une relation de confiance", explique Kate Le-Van-Phung. C'est pourquoi les deux organisatrices décident d'organiser des ateliers en amont (courant août selon les disponibilités des participantes). Dans une ambiance intimiste, les femmes y seront amenées à faire connaissance et discuter de leur corps et de leur féminité, accompagnées d'une psychologue.

Des tatouages pour cacher les cicatrices

 "On n'est pas moins femme parce qu'on perd ses cheveux ou qu'on a une partie du corps en moins", rappelle l'étudiante. Esthéticiennes et maquilleuses viendront apprendre aux participantes à prendre soin d'elles pendant et après leur maladie. Plus étonnant, des tatoueuses exposeront une tendance encore méconnue en France : utiliser le tatouage pour camoufler ou magnifier une cicatrice, une lésion.

Au terme de cette phase de connaissance, les femmes qui le désirent pourront participer à la séance photo. "On va essayer de faire l'exact inverse des publicités qu'on voit à la télévision, explique Kate Le-Van-Phung. Ce sont toujours des spots tristes, en noir et blanc alors que nous, on va faire poser nos participantes dans un univers floral et rose."

Entre peur et manque d'information

L'objectif final reste le combat contre le déni face à la maladie. Par manque d'information ou par peur, de nombreuses femmes négligent les gestes élémentaires en matière de prévention : se palper régulièrement, passer une mammographie ou simplement parler à son médecin en cas de doute. Pourtant, s'il est pris en charge suffisamment tôt, le cancer du sein se soigne bien.

Pour leur projet lancé il y a une semaine, les deux organisatrices cherchent encore des participantes. Un appel a été lancé sur les réseaux sociaux et un flyer circule sur internet. Pour toute demande d'information, une adresse est mise à disposition : projet.artemis@orange.fr. Un dossier d'information est envoyé en retour et explique aux intéressées comment s'inscrire, si elles le désirent.

 
Repères
Le cancer du sein n'est pas une pathologie anodine. En 2015, 54.062 nouveau cas ont été diagnostiqués en France et 11.913 décès ont été recensés. Pourtant, lorsqu'elle est détécté à temps, la maladie se soigne bien. Le taux de survie des femmes atteintes est proche des 100% en cas de cancer de stade I. Au stade II il est d'environ 93% et il chute à 72% au stade III. 
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