Un projet unique en France a vu le jour début 2018 au CHU d’Amiens. Le centre de simulation en santé permet à des autistes de s’entraîner à passer des examens médicaux. Habituellement, ces patients doivent subir une anesthésie générale pour effectuer de simples consultations.
A 23 ans, Marianne vit dans un foyer pour adultes autistes. Ce jour-là, elle apprend avec deux autres résidents à passer des examens médicaux simples. Prise de sang, auscultation, examen chez le dentiste : tout est plus compliqué pour ces patients atteints d’un trouble envahissant. « Ils n’ont pas le même mode de compréhension que nous, explique Julie Strozyckv, infirmière au Foyer. Quand on les emmène chez un spécialiste, ils ne savent pas pourquoi on va là-bas ou ce qu’on va leur faire. L’idéal c’est de rendre les gestes médicaux banals ».
L'inconnu, source d'angoisse absolue pour un autiste qui a besoin de rituels. Marianne accepte de mieux en mieux les visites à l’hôpital. Mais cela n’a pas toujours été le cas : « Quand elle a dû faire un prise de sang, avant d’apprendre à les faire, il fallait être à 8 pour tenir sa tête, ses épaules, son bassin, ses genoux, ses chevilles et le bras, se rappelle sa mère Nathalie Borek. C’est horrible de voir notre enfant se débattre et souffrir autant psychologiquement. Ça nous rend malade ». Refus total ou réactions hostiles, il faut parfois entre 2 et 3 ans pour qu'un autiste veuille bien faire les examens routiniers. Souvent, le patient ne comprend pas la nécessité de l’examen, ni l’environnement dans lequel il est transporté.
On s'adapte à eux pour qu'ils s'adaptent à nous
Pour mieux prendre en charge ces patients atypiques, le centre de simulation en santé du CHU d’Amiens a décidé d’innover avec l’organisation de séances d’entraînement avant une vraie radio. Cette technique d’approche est unique en France. « Ils peuvent rentrer dans une salle de radiologie, rentrer au scanner, toucher ce qu’il y a autour d'eux, prendre leur temps et être rassurés par rapport à l’examen qui va suivre, raconte Christine Ammirati, chef de pôle SimUSsanté. On va prendre le temps, s’adapter à eux pour qu’eux aussi s’adaptent à nous ».
Dès l’arrivée dans la salle d’attente, les soignants doivent trouver des astuces pour rassurer les soignants. « Il s’agit d’arriver à créer un lien, ne pas brusquer et respecter une certaine distance » reconnaît Ingrid Vasselin, formatrice école de manipulateurs en radiologie. Avant cet entraînement, Marianne devait subir une anesthésie générale pour un simple scanner. Cette fois, deux séances de simulation ont suffi.