Pourquoi un rorqual de 8 mètres s'est échoué en baie de Somme ce 27 septembre ? Pour répondre à la question, le Réseau national échouages analyse ce 1er novembre la carcasse selon un processus très précis, comme nous le détaille Fabien Demaret, qui coordonne l'opération pour l'observatoire Pelagis.
Le naufrage d'un rorqual au large du Crotoy (Somme), ce 27 septembre, interroge. Comment un cétacé de huit mètres de long a pu s'échouer sans vie si près des côtes ? Afin de déterminer la cause du décès du gigantesque mammifère, des scientifiques et bénévoles vont procéder à une analyse complète de sa carcasse ce 1er novembre.
Pour ce genre d'événement peu commun - le naufrage d'un animal si massif et dans une réserve naturelle nationale comme la baie de Somme - un protocole bien précis existe. Une fois le cadavre découvert, le Réseau national échouages (RNE) est mobilisé, avec la coordination de l'observatoire Pelagis, basé à La Rochelle. Observateur dans ce laboratoire, Fabien Demaret a accepté de répondre à nos questions sur l'opération.
- Qu'entendez-vous par "analyser" le rorqual ?
Puis on ouvre la carcasse et on prélève du foie, de la rate, du gras. On réalise des prélèvements que l'on fait ensuite analyser, notamment sur les polluants et son comportement alimentaire. Nous agissons tout le temps en lien avec les préfectures, souvent dans un périmètre sécurisé par la police pour travailler en sérénité.
Ces opérations peuvent être réalisées par nous-même, ou alors par tout membre du Réseau national échouages. Dans le cas du rorqual de la baie de Somme, ce sont Picardie nature, les gardes de la réserve naturelle et un vétérinaire de l'Université de Liège (Belgique) qui vont agir.
- Qu'est ce que le Réseau national échouages et comment fonctionne-t-il ?
Il est composé de scientifiques, dont les analyses biologiques font partie du métier, mais aussi d'organisations locales que nous formons, comme Picardie nature. Des personnes lambda peuvent rejoindre ce réseau s'ils souhaitent s'investir dans l'analyse des mammifères marins. Nous leur proposons des parainages, c'est-à-dire de suivre les membres du réseaux sur un échouage, de réaliser des prélèvements. Nous sommes mandatés par le ministère de la Transition écologique et solidaire pour les former pendant trois jours.
Nous essayons de faire le plus souvent appel à des professionnels, car ces opérations représentent un investissement considérable en termes de déplacements, de temps ou de matériel.
- Ces opérations sont-elles fréquentes pour vous ?
- À quoi servent ces analyses ?
À terme, ces relevés nous permettent d'avoir des données qui rendent compte de l'état écologique du littoral français. On obtient des informations sur des espèces qui ne sont pas si fréquentes que ça en échouage, sur ce qu'ils mangent, comment ils évoluent.