À Laon et Amiens, des caravanes se sont installées illégalement sur des terrains privés et communaux. Ces membres de la communauté des gens du voyage sont arrivés le week-end des 29 et 30 juillet 2023. De passage pour plusieurs jours, ils se rendent ensuite à un important rassemblement évangéliste en Moselle.
"D'un seul coup, en une demi-heure, on a eu 150 caravanes qui sont arrivées sans que l'on soit prévenus", décrit Jean-Marie Widehem, membre du bureau exécutif de l'aéroclub de Laon. Samedi à 15 h, des membres de la communauté du voyage ont investi la piste. La direction de l'aviation a suspendu tous les vols pour des raisons de sécurité.
Cette installation n'a pas vocation à durer. Les caravanes doivent repartir lundi prochain. Le convoi fait escale à Laon avant de se rendre en Moselle pour un rassemblement évangélique nommé "Vie et Lumière". Cet événement a lieu du 3 au 10 septembre prochain et réunit entre 30 000 et 40 000 personnes chaque année.
La situation à Laon n'a rien d'inédit. En 2022, plusieurs centaines de gens du voyage s'étaient déjà installées sur le terrain cet aéroclub. À une différence près, la direction avait été prévenue 72 h à l'avance. Elle avait pu anticiper. "Le délai nous avait permis d'évacuer les avions sur les terrains environnants de l'Aisne et de la Marne pour continuer notre activité", explique François Paquin, responsable mécanique du club de Laon.
Le but est d'assurer la propreté du site et de ne pas avoir de dégradations.
Eric Delhaye, Maire (Horizons) de Laon
Immédiatement prévenu, le maire de Laon s'est rendu sur place. "En général, avec les missions évangéliques, on a un référent avec lequel on échange, on trouve des compromis. Le but est d'assurer la propreté du site et de ne pas avoir de dégradations", expose Eric Delhaye. Il a aussi demandé à la police municipale de passer régulièrement pour faire le point avec le club et les gens du voyage.
Laon ne dispose pas d'aire de grand passage. Ces espaces doivent permettre d'accueillir des caravanes dans des conditions dignes. C'est une obligation légale pour les collectivités. Le maire assure que ce dossier avance : "Nous cherchons un terrain, mais le foncier se fait rare. On en a identifié un à l'ouest, mais nous devons réaliser des études de terrain. Il nous faudrait trois ans et plusieurs centaines de milliers d'euros pour le créer".
Une plainte déposée par la mairie d'Amiens
Amiens dispose d'une aire de grand passage dans la zone industrielle nord de la ville. Un premier convoi d'une cinquantaine de caravanes s'y est rendu dimanche 30 juillet. Un deuxième groupe plus important a, lui, décidé de s'installer au parc du Grand Marais sans autorisation.
"Très vite, les riverains nous ont appelés pour nous prévenir que 80 véhicules avaient investi les lieux", raconte Stéphanie Lugrin, directrice de la police municipale. Dans la foulée, les gens du voyage réalisent des "branchements sauvages", ce qui engendre un certain nombre de dégâts.
Les autorités décident alors de mandater un médiateur pour lui demander de se rendre sur l'aire de grand passage au nord. Il fera face à un refus "sans autre justification", précise Stéphanie Lugrin. Face à cela, la mairie a donc décidé de porter plainte pour occupation illégale du domaine public.
"Cela fait plusieurs années qu'on n'avait plus vu ça à Amiens. Même si on ressent de la tension dans les échanges avec les gens du voyage, il n'y a pas de violence ou d'altercation", décrit la responsable de la police municipale. Les 200 personnes présentes au Grand Marais ont indiqué aux forces de l'ordre qu'elles partiraient dimanche 6 août dans la journée.
Avec Gontran Giraudeau / FTV