Dans la Somme, de plus en plus de directeurs de centres de loisirs constatent une difficulté à recruter des animateurs diplômés, alors que les stagiaires sont de plus en plus nombreux. En cause, un manque de valorisation du métier et des rémunérations en deçà des responsabilités accordées.
Jusqu'à la veille de l'ouverture, l'effectif du centre de loisirs était encore incomplet pour Aurélie Camerlynck, directrice des Familles rurales de la Somme mais également directrice provisoire d'un centre de loisirs à Sains-en-Amiénois (Somme).
Elle a d'ailleurs dû prendre elle-même la direction pour cette semaine de vacances car "nous n'avions pas trouvé de personnes pouvant faire office du point de vue réglementaire de directeur ou de directrice".
Habituellement, ils ont une personne pour cette semaine-là, mais "elle n'était plus disponible, c'est vraiment quelque chose d'exceptionnel que je sois mise comme ça à disposition pour faire office de directrice".
Une "difficulté" pour recruter des animateurs diplômés
Aurélie Camerlynck constate "une difficulté" dans le recrutement de directeurs ou d'animateurs diplômés. En effet, "il nous faut des personnes diplômées, cadrées réglementairement, on ne peut pas non plus prendre le premier venu pour prendre la direction d'une structure ou encadrer les enfants, c'est aussi une question de confiance", poursuit-elle.
D'autre part, depuis "cinq, six ans", il y a "de grosses difficultés de recrutement" pour les animateurs, même si elle observe "un léger mieux parce qu'on voit de nouveau des personnes, des jeunes, entrer en formation, mais pour l'instant, ils ne sont que stagiaires". Mais pour constituer une équipe, il faut aussi bien des personnes diplômées que des stagiaires, et "la difficulté porte plus sur des personnes diplômées BAFA ou équivalent BAFA".
Autre point important : le nombre d'enfants inscrits qui augmente. Habituellement, pendant les vacances de la Toussaint, "on tourne à 40 enfants inscrits, mais pas forcément 40 à la journée, et là on est passé à plus de 60". Ils ont même dû mettre en place une liste d'attente jusqu'à la dernière minute.
Ils attendaient qu'on arrive à trouver du monde pour pouvoir définitivement valider les inscriptions. Donc, il y a des personnes qui ont été prévenues de l'inscription vendredi d'avant les vacances.
Aurélie Camerlynck, directrice des Familles rurales de la Somme
Aurélie Camerlynck a trouvé les derniers animateurs diplômés jeudi soir, tout juste avant le centre de loisirs qui débutait lundi. "Ce n'est pas normal, c'est compliqué", concède la directrice. Car pour ouvrir ses portes, un centre doit avoir un groupe d’animateurs dont la moitié, au moins, est diplômée du BAFA.
Revaloriser le métier d'animateur
Pour encadrer les 80 enfants inscrits pour la Toussaint, Pierre Guerdin, directeur d'accueils de loisirs à Amiens, a lui aussi bouclé sa liste in extremis. "Pour ces vacances d'automne, ça a été très juste", témoigne-t-il. Il a pu trouver un animateur à partir de lundi mais a fait face à deux désistements, "dont un sans nouvelle à partir du samedi de la réunion".
Et même s'il note qu'il ne fait pas face à "de très grandes difficultés" de recrutement car il reçoit de nombreux CV, l'obstacle principal est "d'avoir des animateurs diplômés".
J'ai plus de difficulté à trouver quelqu'un de diplômé que quelqu'un qui est en recherche de stage pratique ou qui est encore considéré stagiaire.
Pierre Guerdin, directeur d'accueils de loisirs
Pour attirer plus d'animateurs déjà diplômés, le directeur estime qu'il faut passer par "la revalorisation de ce métier", notamment à cause "des faibles rémunérations", "des grosses amplitudes horaires" ou encore "des temps hachés".
Il avance également que le métier d'animateur n'est pas assez reconnu, "dans le sens où on a quand même de grandes responsabilités par rapport à ce que certains peuvent être payés". Par exemple, ils sont amenés à faire des sorties ou même à changer de département accompagnés d'enfants parfois très jeunes.
Au final, Pierre Guerdin pense "qu'il y a beaucoup de gens aujourd'hui, surtout chez les jeunes de maintenant, qui n'ont pas forcément envie de se lever pour un métier à responsabilités" qui ne répond pas aux attentes de leur rémunération.
Pour rappel, les stagiaires peuvent bénéficier d’aides de l’Etat ou de communes. Cet automne, ils sont près 400 à s’engager en Picardie, soit une hausse de 35% par rapport à l’année précédente.
Avec Paul Guillaume Ipo / FTV