Renforcer les apprentissages fondamentaux et combattre la difficulté scolaire sont les deux priorités affichées par l'académie d'Amiens pour la rentrée prochaine. Le nombre d'enseignants devrait légèrement augmenter dans des départements marqués par d'importantes difficultés scolaires.
La rentrée est encore loin, mais elle se prépare dès maintenant, malgré un contexte sanitaire compliqué. Le nombre d'élèves et de personnels atteints du Covid-19 n'a jamais été aussi élevé en Picardie et les protocoles remaniés pour faire face au variant Omicron suscitent bien des réactions. Mais cela n'a pas empêché lundi 17 janvier le recteur de l'académie d'Amiens de présenter les moyens, les priorités et les nouveautés pour la rentrée 2022.
Un nombre de postes en augmentation
Première annonce : à la rentrée prochaine, les enseignants seront un peu plus nombreux. 5 équivalent temps plein (ETP) dans le premier degré et 13 dans le second degré : ce sont les chiffres annoncés par le recteur. Une hausse très légère qui pourrait être rapidement critiquée, mais Raphaël Muller anticipe : "Il y a vraiment un effort de la puissance publique. 3 869 élèves en moins dans le 1er degré, ça voudrait dire 250 personnels en moins si on avait raisonné avec une calculette. Or, depuis 5 ans, 296 emplois ont été créés."
Car ces chiffres s'inscrivent dans un contexte de baisse démographique sans précédent, avec des données qui ont de quoi donner le vertige.
Pour la première fois, les effectifs du premier degré devraient passer sous la barre des 170 000 élèves, avec 168 602 écoliers attendus en septembre 2022. L'académie d'Amiens devrait donc décrocher avec l'académie de Besançon un triste record : celui de l'académie qui perd le plus d'élèves.
Cette baisse du nombre d'élèves n'est pas nouvelle, mais elle semble s'accentuer. Pour la rentrée prochaine, on devrait enregistrer 3 869 élèves en moins, contre 2 800 élèves en moins en moyenne chaque année depuis 2017. Depuis 2017/2018, le premier degré devrait avoir perdu au total 17 041 écoliers. Cette baisse est notable dans les trois départements picards, même si en 6 ans, l'Oise s'en sort mieux : -6,6 % contre -11,5 % dans l'Aisne et -11,1% dans la Somme.
Le second degré n'est pas non plus épargné par cette baisse démographique avec une baisse de 0,6% du nombre de collégiens et lycéens attendue en septembre prochain. Cette régression est d'ailleurs plus marquée depuis la rentrée 2021. Là encore, la Somme et l'Aisne sont les départements les plus touchés (respectivement -3% et -4% en six ans) contre -1% en six ans dans l'Oise.
Au regard de cette baisse du nombre d'élèves, l'académie d'Amiens estime donc que les moyens alloués à la rentrée 2022 vont permettre d'améliorer le taux d'encadrement des élèves. Ce dernier devrait passer de 5,63 professeurs pour 100 élèves en 2017-2018 à 6,24 professeurs pour 100 élèves l'année prochaine dans le premier degré. En revanche, dans le second degré, malgré les 13 ETP supplémentaires annoncés pour la rentrée prochaine, le solde sur 5 ans est négatif : -256 ETP depuis 2017.
Des défis de taille
Ces moyens alloués vont pourtant devoir permettre de répondre à des défis d'envergure, avec une fois encore la priorité donnée aux apprentissages fondamentaux. Alors que toutes les classes de CP et de CE1 sont déjà dédoublées en éducation prioritaire, le dédoublement des classes de grande section de maternelle va se poursuivre. Dans les autres établissements, toutes les classes des grandes sections, CP et CE1 seront concernées à la rentrée par un plafonnement à 24 élèves maximum par classe. Le régime de décharge des directeurs d'école sera également amélioré et les évaluations en grande section et en CE2 se poursuivront. Une manière de mieux comprendre les besoins des élèves qui sont extrêmement importants.
Des résultats scolaires très dégradés
Les évaluations nationales de 6e passées à la rentrée 2021 montrent que 54% des élèves de l'académie ont un niveau de maîtrise insuffisant de la lecture. 46,1% des élèves picards lisaient 120 mots et plus en une minute, contre 52,7 au niveau national. "Après le confinement de 2020, notre académie a davantage baissé que la moyenne nationale. Mais à la rentrée 2021, nous avions davantage progressé que la moyenne nationale en particulier sur des compétences sur lesquelles nous avions travaillé", explique le recteur qui souhaite ainsi mettre en lumière le travail des enseignants. Pour les accompagner, l'académie espère changer le rapport à l'inspection avec des inspecteurs plus présents dans les classes dans une logique de soutien et dans l'optique de mettre en place des formations.
Pour rattraper son retard, la Picardie mise aussi sur plusieurs dispositifs, à commencer par Devoirs faits. Ce temps d'étude accompagnée qui est déjà actuellement un peu plus développé que dans le reste de l'Hexagone sera étendu, et ciblera particulièrement les élèves de 6e. Pas de changement dans le mode de fonctionnement : il s'agira toujours d'aménager des plages horaires pour que les élèves puissent faire leurs devoirs sur place.
En plus de l'aide personnalisée qui se poursuivra, des 6e tremplin devraient également être expérimentées dans des collèges de l'académie, dans des établissements ayant une proportion significative d'élèves en difficulté. "Le modèle est en train d'être construit", explique Raphaël Muller. Il devrait comprendre un enseignement renforcé en français et en maths. Nous travaillons actuellement à l'identification des collèges."
Et la liste des priorités est encore longue : création a minima de 6 nouvelles ULIS et de 3 nouvelles structures d'accueil des élèves autistes pour une école plus inclusive, création de sections internationales au niveau collèges et enrichissement de l'offre d'enseignement dans les trois départements picards... Une liste qui n'affiche pas de changement de cap mais qui reste très ambitieuse dans un contexte dégradé.