Ils sont en L2, L3 ou master, et tous sont aussi motivés que stressés pour cette rentrée 2021-2022 à l’université Picardie Jules Verne. Sauront-ils reprendre le rythme et retrouver la concentration ? Ils s'interrogent.
Lundi 6 septembre, jour de rentrée à l’université Picardie Jules Verne. Les cours reprennent pour la majorité des filières en présentiel. Les étudiants ont le sourire et veulent rester optimistes même s'ils savent que la situation sanitaire peut changer à tout moment.
Alors que des groupes de premières années se forment derrière un étudiant-guide pour visiter les locaux du pôle Citadelle, d’autres étudiants cherchent leurs repères, comme Elsa qui aborde sa 2ème année de licence histoire-géographie. "En vrai, c’est ma première rentrée puisque depuis 1 an et demi, je ne suis presque jamais sortie de chez moi, avoue Elsa. Je n’ai eu cours que sur internet. Ça va être compliqué de m’habituer". Anxieuse mais soulagée. Car si l’étudiante a validé sa première année, ce n’était pas gagné. "Au premier semestre, c’était très difficile parce qu’il fallait s’habituer au rythme de travail qui est complètement différent de celui du lycée, on le sait".
Finis le distanciel et la solitude
Comme Elsa, tous les étudiants rencontrés aujourd’hui avouent ressentir un peu d’appréhension. C’est le cas d’Oriane, Lola, Faustine et Laure. Inscrites en L3 espagnol, les quatre amies savourent ensemble leur rentrée : "on va avoir envie de travailler !" déclarent-elles en riant. "On n’a jamais arrêté mais ce sera dans une meilleure ambiance, ajoute Oriane. On va aller à la BU, on va manger ensemble et on n’abandonnera pas parce que l’année dernière, il y a beaucoup de personnes qui ont abandonné. Là on va voir nos amis, faire des activités. Ne pas penser qu’au travail. Ça va faire du bien".
Selon elles, un quart de la classe a lâché ses études l’an dernier, découragé par les cours à distance. "Le distanciel, c’est trop dur, reconnaît Lola, on est vraiment tout seul enfermé". Un mal-être partagé par Elsa : "Ma chambre était devenue l’endroit où dormir, l’endroit de repos, l’endroit de cours, l’endroit de travail".
"En fait, ça a changé toutes nos habitudes le distanciel, explique Charlotte. On s’est habitué à se lever 5 mn avant le début d’un cours, à se préparer pendant nos cours. Pour ceux qui ont lâché, généralement, ils faisaient complètement autre chose que des cours. Parce que certains profs n’exigeaient pas la caméra par exemple pendant les cours. Donc il y a eu énormément de relâchement".
Retrouver la concentration
Autant dire que cette reprise sur les bancs de l’université et face à un enseignant est plus qu’attendue. "On est très contentes de reprendre en présentiel, se réjouit le petite groupe de copines. On est prêtes à bosser et plus déterminées que jamais".
Déterminés, Louise, Faustin, Anaïs et Maël le sont aussi, mais les quatre étudiants L3 anglais gardent la tête froide en sortant de la salle de cours. "Ça fait quasiment 2 ans qu’on est en distanciel donc ça va être compliqué dans les premières semaines de retrouver la concentration pendant les cours", s’inquiète Maël. "Les profs ne faisaient pas attention si on venait en cours. Si on ne venait pas, il n’y avait pas de sanction. C’est sûr que ça va faire un gros changement", ajoute Louise.
"La concentration n’est pas la même quand on est devant un ordinateur. On peut faire tout ce qu’on veut à côté. Là, ce sera mieux mais est-ce qu’on aura perdu un peu …on ne sait pas trop" s'interroge de son côté Caroline.
"On a peur d'avoir un diplôme au rabais"
"Surtout que les attentes ne seront pas les mêmes parce que beaucoup de professeurs vont serrer la vis au niveau de notre travail et de notre niveau d’anglais, pense Maël, surtout que j’imagine que notre niveau n’est pas aussi bon que les L3 il y a 5 ans".
La valeur du diplôme est l’autre sujet d’inquiétude pour Charlotte qui prépare un master sciences de l’éducation. "Déjà pour un même diplôme, selon l’université, c’est très inégal. On n’a pas tous les mêmes cours. Il y a un programme mais chacun fait ses cours différemment. Donc le diplôme n’est pas le même mais là, avec le distanciel, c’est encore pire. On a peur d’avoir un diplôme au rabais au même titre que nos bacheliers de l’année dernière avaient peur d’avoir un bac moins bien".
Consciente de toutes les difficultés à venir, la jeune fille reste motivée : "Je m’accroche. Je ne sais pas d’où je tire ma motivation, mais je pense que ce sont surtout mes proches qui me soutiennent et qui font que je n’abandonne pas. Je n’ai pas envie de les décevoir. Je pense que si j’avais été mal entourée, j’aurais sans doute arrêté aussi".
En ce jour de rentrée, le soleil était au rendez-vous. Un rayon d'espoir pour toute une génération qui ne demande qu'à profiter de la vie.