L’ancien président du Zimbabwe, Robert Mugabe, est mort vendredi 6 septembre. Aussi connu pour son combat anti-colonialiste que pour ses dérives autoritaires, il avait visité Amiens en 1999. Gilles de Robien, maire de la ville à l’époque, se souvient de cette visite officielle.
"Lorsqu’il est venu à Amiens, Robert Mugabe était encore considéré comme le Père de la nation. Il n’avait pas encore cette réputation sulfureuse" se souvient Gilles de Robien, ancien maire de la capitale picarde.
En visite officielle en France en octobre 1999, le président zimbabwéen Robert Mugabe avait passé une journée à Amiens. "À cette époque, le quai d’Orsay m’avait appelé pour me demander d’accueillir le président une journée, lui qui était friand de patrimoine historique".
Alors maire d’Amiens et président du groupe parlementaire franco-africain, Gilles de Robien avait notamment présenté la cathédrale Notre-Dame à Robert Mugabe. "Il était fana de la cathédrale", se rappelle l’ancien élu.
Gilles de Robien se rappelle notamment de la réaction du président zimbabwéen, lorsque ce dernier avait aperçu la statue de Jeanne d’Arc dans l’édifice religieux. "Il m’a expliqué qu’il priait Jeanne d’Arc chaque jour car elle aussi avait réussi à mettre les Anglais dehors, raconte-t-il. Il faisait référence au passé du Zimbabwe qui est une ancienne colonie britannique".
Robert Mugabe avait d’ailleurs offert un cadeau à la mairie : "Il s’agissait d’une statue en pierres vertes et grises que j’avais exposée dans mon bureau" précise Gilles de Robien.
Robert Mugabe, entre héros et dictateur
Décédé vendredi 6 septembre à l’âge de 95 ans, Robert Mugabe prend les rênes de l'ex-Rhodésie, devenue indépendante, en 1980. Accueilli en libérateur à cette époque, sa politique de réconciliation, au nom de l'unité du pays, lui vaut des louanges générales, notamment dans les capitales étrangères.
Mais rapidement, le héros a la main lourde contre ses opposants. Pendant son règne de trente-sept ans à la tête du Zimbabwe, l'un des plus longs sur le continent africain, il passe du statut de père de l'indépendance et ami de l'Occident à celui de tyran qui a provoqué l'effondrement économique de son pays.
Ses abus contre l'opposition, des fraudes électorales et surtout sa violente réforme agraire lancée en 2000 lui valent les condamnations de l'Occident. Longtemps jugé insubmersible, il est progressivement lâché par les fidèles de son régime.
Fin 2017, à la suite d'un coup de force de l'armée soutenu par son parti, la Zanu-PF, le plus vieux chef de l'État en exercice de la planète à l'époque est alors contraint de démissionner. Il laisse un pays englué dans une profonde crise économique qui ne cesse aujourd'hui d'empirer.
Il a été remplacé à la tête du pays par son ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa, qu'il avait limogé peu de temps auparavant.