Ce jeudi 5 décembre, jour de mobilisation nationale contre la réforme des retraites, des rassemblements étaient prévus dans de nombreuses villes picardes. Retraités, personnels hospitaliers, enseignants : à Amiens, plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour exprimer leur "mécontentement".
A Amiens, où rendez-vous était donné à 14h devant la maison de la Culture, il y a eu du monde ce jeudi 5 décembre pour protester contre le projet de réforme des retraites : jusqu'à 8.000 manifestants d'après les syndicats, 6.500 selon la préfecture. Parmi les personnes mobilisées par cette journée nationale, des enseignants, des sapeurs-pompiers, des cheminots, des salariés du secteur privé ou public... Certains d'entre eux nous détaillent les raisons qui les ont poussés à défiler.
Sébastien, ambulancier
« Il y a beaucoup de changements qui sont envisagés qui vont malheureusement être nuisibles pour toute notre génération. Je pense qu’il faut montrer notre mécontentement. Ce que je crains, c’est d’avoir travaillé toute ma vie pour avoir des miettes à la fin. C’est ça qui fait peur. […] Depuis que je suis en âge de travailler, je travaille. Disons que j’aimerais profiter un jour de ma retraite. »
Jonathan, professeur des écoles
« Nos pensions de retraite vont être largement diminuées, entre 800 et 1.000 euros [un syndicat d'enseignants opposé à la réforme, le SNES-FSU, a mis en ligne un simulateur "à partir des principaux éléments connus de la réforme des retraites", NDLR]. C’est énorme. Faire un effort pour rééquilibrer les retraites, pourquoi pas, mais là ça n’est pas possible. Perdre autant d’argent, ce n’est pas possible. [On craint] une perte de pouvoir d’achat monstrueuse, de se retrouver avec le salaire avec lequel j’ai commencé. Ce n’est pas envisageable. Ce n’est pas envisageable d’avoir travaillé toute sa vie et d’avoir une pension de retraite aussi basse. »
Lauriane, retraitée
« Je viens pour tout le monde. Il y a des gens qui ne se rendent pas compte de ce qui va se passer par la suite. Moi, j’ai des enfants. J’ai des petits-enfants. Déjà, travailler jusqu’à 64 ans, 65 ans, c’est très difficile. Je ne comprends pas comment on peut envisager de mettre la retraite plus loin, selon les métiers. […] C’est impossible. »
Véronique, infirmière
« Nous, on représente l’hôpital d’Amiens, qui est un bel hôpital flambant neuf dans lequel on fait des soins low-costs, aussi bien au niveau du personnel qu’au niveau du matériel. Du coup, on vient manifester aujourd’hui aussi bien pour les retraites que pour défendre les patients, qui sont réellement en danger désormais. » […] « C’est tout un ensemble. On n’est pas là que pour la réforme des retraites, on est là aussi pour les conditions de travail et pour le bien-être des malades. »
Laetitia, élue syndicale à la SNCF
« C’est l’ensemble du salariat, aujourd’hui, qui est concerné par la réforme des retraites. Les cheminots aussi. Il est important de venir soutenir l’ensemble du monde salarié. […] Nous, on demande à garder un système par répartition ou mieux, l’améliorer. Apparemment, il y a des solutions qui sont proposées. Donc oui, nous on demande à garder ce système-là et ne pas avoir une retraite par points, où on ne sait pas quelle sera la valeur du point chaque année. On n’est pas pour une baisse des pensions. Ce n’est pas possible. »
La réforme des retraites sous la forme d'un "système universel" est l'une des promesses phares du mandat d'Emmanuel Macron. Il doit remplacer les 42 régimes existants à l'heure actuelle. L'Elysée a indiqué que "le Premier ministre s'exprimerait vers le milieu de la semaine prochaine sur l'architecture générale de la réforme", alors que le projet de loi doit être présenté début 2020 en conseil des ministres.