Cette association qui s'occupe d'accompagner "les habitants à développer une autonomie, une cohésion et de la solidarité" est présente dans une résidence d'Amiens depuis 2018. Ils sont en passe de perdre leurs locaux, sans explication tangible, selon eux. Le bailleur, de son côté, réfute cette version.
Le centre social Elbeuf Lescouvé n'a plus que quelques jours pour rendre les clés à la Société immobilière picarde (SIP) qui les expulse "de locaux partagés au sein de la résidence intergénérationnelle" située au 190 rue Jean-Moulin, "la première à Amiens", après un partenariat de cinq ans, et ce, "de façon unilatérale".
L'association conteste "la façon de faire" car "si on est partenaires", la décision "ne doit pas être unilatérale. On essaie d'échanger, d'expliquer, ce n'est pas parce que la SIP sont les bailleurs et qu'ils ont les locaux qu'ils doivent prendre seuls la décision".
Dans la résidence depuis 2018
Ils se disent "d'autant plus surpris puisqu'on a rencontré à plusieurs occasions les représentants de la SIP depuis septembre et jamais ils nous ont dit qu'ils souhaitaient mettre fin à la convention".
De plus, au cours d'une rencontre en octobre, "aucune considération n'a été accordée aux habitants ou à leurs projets au sein de la résidence, au point d'entraver le bon déroulement d'évènement de voisinage, contrevenant à l'objet même de la convention", note l'association dans un communiqué.
Cet état d'esprit est, selon eux, la preuve supplémentaire du "détachement de la SIP quant à la vie de la résidence, eux qui n’ont assisté qu’à de très rares occasions aux comités de pilotage organisés, et sont donc peu au fait de ce que nous y faisons main dans la main avec les résidents".
L’objet de la convention signée en octobre 2018, et renouvelée en septembre 2020 pour une durée de 3 ans, était d’animer les espaces partagés de la dite résidence, afin de donner vie aux lieux, d’encourager le vivre ensemble, et d’accompagner les habitants dans leur quotidien et dans la mise en place de leurs projets.
Les francas de la Somme
Les francas de la Somme sont dans cette résidence depuis 2018. Mais la nouvelle est tombée du jour au lendemain. Ils ont envoyé un premier mail le 29 novembre pour informer le bailleur qu'un arbre de Noël allait être mis en place. "Comme on n'avait pas de retour, on les a relancés par mail le 13 décembre. Le lendemain, le 14, on a eu un retour mail avec une copie d'un courrier qu'on n'avait pas reçu, daté du 4 décembre".
Dans ce courrier, il leur est stipulé de rendre les clés vendredi 15 à 14h30. "Et ça, on l'a appris la veille, le 14". Grâce à l'intervention de la mairie d'Amiens, ils ont pu gagner une semaine supplémentaire et sauver le Noël des résidents du 16 décembre.
Les motifs sont flous à leurs yeux. "Ils parlent de mauvaise utilisation et dysfonctionnements dans la salle", note l'association qui ne constate pas la même chose. Cette rupture "faite unilatéralement" ne leur laisse pas "la possibilité de contester la décision ou les motifs éventuels".
"On rendra les clés"
Si vendredi, aucune solution n'est trouvée, "on rendra les clés". Les habitants de la résidence et des alentours "ne bénéficieront plus de l'accompagnement mis en place depuis ces dernières années. Notre mission, ce n'est pas d'être des animateurs de salle, c'est d'accompagner les habitants à développer une autonomie, une cohésion, de la solidarité".
Le but de l'association est de faire "du développement social local, on accompagne les habitants à investir leurs habitations, leur quartier, permettre une synergie entre différents acteurs, initiatives, habitants pour faire vivre le quartier".
Pour le moment, rien n'exclut un revirement de situation. "On a mis les choses au clair avec la CCAS (centre communal d'action sociale) qui va faire le relais auprès du cabinet du maire et le service de vie associative, on va voir comment ça bouge de leur côté. Eux non plus ne comprennent pas", conclut l'association.
La convention "est tout simplement arrivée à échéance"
Du côté de la Société immobilière picarde, le son de cloche est différent. Elle explique qu'il n'y a pas eu de rupture de convention étant donné que celle-ci a pris fin le 18 septembre 2023. "Cela démontre que la SIP n'a pas mis fin à cette convention, elle est tout simplement arrivée à échéance. Les Francas ne sont donc plus en droit d'utiliser les lieux".
Il était prévu "qu'ensuite, une association des utilisateurs mixant résidents et comité de quartier porterait la gestion et l'animation des locaux partagés, aidée par le Centre socio culturel et la ville d'Amiens".
A la suite de l’utilisation conjointe (hors convention) des lieux par ASSEMBL’AGE et soutenu par les FRANCAS, la SIP a reçu 6 plaintes de locataires pour nuisances et insultes de différentes sortes ainsi qu’une main courante déposée. Vous conviendrez que cela n’est pas acceptable, les locataires n’ont pas à être importunés.
Société immobilière picarde
La SIP a été informée "de l'existence d'un collectif intitulé 'ASSEMBL'AGE' avec une présidente à sa tête, mais malgré nos demandes répétées auprès de cette dernière, les statuts de l’association ne nous ont jamais été communiqués, ni aucune assurance pour l’utilisation des locaux, ce qui n’est pas réglementaire et fait peser la responsabilité sur la SIP en cas de problème".
"La SIP est intervenue à plusieurs reprises"
La SIP explique être intervenue à plusieurs reprises, "par exemple au moment d'Halloween, pour faire retirer des décorations inappropriées et installées sans autorisation hors du local ou plus récemment encore pour faire retirer des éléments décoratifs placés sur le local à vélo au moment des tempêtes qui présentaient un danger en cas de chute. Là encore, ce n'est pas normal".
Le bailleur avance qu'il existe "un règlement de copropriété et le moins que puisse faire la SIP est de le faire respecter". Ainsi, tout ceci "a longuement été abordé lors de réunions et par courrier. Rien n'a été décidé ni annoncé sans que toutes les parties en soient informées depuis octobre dernier".
Un rendez-vous a été pris avec la mairie d'Amiens et le CCAS début janvier 2024 avec le souhait qu'une association "régulièrement constituée et au fonctionnement respectueux des habitants et de la réglementation" puisse signer une nouvelle convention "pour maintenir des activités sur cette résidence".
"Il est important de garder à l’esprit que la responsabilité de la SIP est engagée et qu’à ce titre, il est parfaitement légitime de mettre fin à des débordements répétés qui nuisent aux locataires", conclut la Société immobilière picarde.