La grande réderie de printemps à Amiens attire de plus en plus de chineurs professionnels. Dihya Smail était présente dès potron minet, à la recherche de la perle rare qu'elle pourra revendre sur internet.
La grande réderie de printemps à Amiens est devenue un rendez-vous incontournable pour les chineurs. Dès 5h le matin, ils arpentent déjà les rues à la recherche des bonnes affaires.
Dihya Smail est venue spécialement de Paris pour la première fois. Elle n'est pas déçue. "La réderie d'Amiens, c'est un super spot. Il y a plein de revendeurs de styles différents et il y a 15 km de stands, donc plein de belles trouvailles".
"Ça ne sert à rien d'acheter du neuf"
La chineuse professionnelle a fait de sa passion un métier. "Je trouve qu'il y a encore de très jolies choses sur le marché. Ça ne sert à rien d'acheter du neuf. L'idée, c'est aussi de transmettre de belles pièces qui ont eu des histoires, parfois racontées. C'est toujours intéressant de connaître le passé d'un objet. Ils font aussi partie de l'Histoire avec un grand H. C'est comme si on ouvrait un livre d'histoire, qu'on avait l'objet, qu'on pouvait le toucher, qu'on pouvait l'utiliser et qu'on pouvait le garder encore et encore. Et pourquoi pas le transmettre".
Dihya a l'œil partout. Pas question pour autant d'acheter n'importe quoi ou à n'importe quel prix. Elle vient de s'arrêter et saisit un petit poste de radio qu'elle observe dans les moindres détails. "Là, il est vendu 25€ et moi, pour un poste comme ça, je pourrai le vendre à peu près 40, puisque comme il ne fonctionne pas, ça reste un objet de décoration. Ce n'est pas une jolie marge, vu le travail qu'il y a derrière, le coût du transport, le stockage. Ce n'est pas intéressant".
"Je marche au coup de cœur"
Au détour d'une rue, ce sont des boîtes métalliques qui attirent son attention. "Je marche au coup de cœur. Il faut que la pièce me plaise. Je suis en train de regarder des boîtes en métal parce que c'est toujours utile et les gens aiment bien pour ranger le bazar. Là par exemple, c’est une boîte avec du relief. Ça ressort bien, les couleurs sont belles. Elle est en bon état, elle n’est pas rouillée. J'ai vu qu'il y avait aussi des flacons d’apothicaires. C'est le genre de choses qui fait un peu cabinet de curiosité, qui plait bien et qu'on retrouve beaucoup en boutique".
Si la chineuse se laisse séduire par certains objets, elle sait qu'elle peut aussi se tromper. "Il y a des effets de mode. Je me rends compte que selon les années, il y a des choses qui peuvent partir très vite et d’autres qui sont un peu plus longues à être vendues. Là en ce moment, les boîtes en métal partent bien. les appareils photos et la céramique aussi. Le but, c'est de vendre et d’éviter de stocker trop longtemps parce que le stockage c’est aussi une dépense d’argent". Dihya surfe ainsi régulièrement sur la toile afin de connaître les dernières tendances. "J’essaie de voir plein de sites de décos. Pinterest, c’est une belle source d’informations et comme ça, je stocke le moins possible. Dès que j’achète, ça part tout de suite après. Il y a une vraie stratégie derrière pour éviter de se tromper et faire plaisir à tout le monde".
"J'espère un jour, que ça devienne un vrai travail"
La chineuse vend ses objets sur les réseaux sociaux. En pleine brocante, elle sort son outil de travail : son smartphone. "Je vais faire des petites stories pour montrer la réderie et l’ambiance à ceux qui me suivent sur Instagram, Comme ça ils vivent la brocante à distance".
L'heure du retour a sonné. Les sacs bien remplis, une autre étape de son travail attend Dihya à Paris. "Il y a des choses qui sont un peu encrassées. Je vais devoir tout nettoyer. Ensuite, il y a le travail de la photo. Je vais faire de jolies mises en scène pour rendre le produit le plus beau possible. Puis j'essaierai de faire un post tous les deux jours de façon à amener régulièrement de la nouveauté".
Ancienne responsable d'une boutique de vêtements, la jeune femme de 34 ans est à son compte depuis février. "J'espère un jour, que ça devienne un vrai travail. Je vois l'engouement qu'il y a autour. les gens sont très réceptifs. Ça m'incite à chiner encore et encore". Dihya Smail arrive pour le moment à se dégager un salaire de quelques centaines d'euros par mois.