Les violences ont éclipsé la manifestation pacifique des Gilets jaunes organisée à Amiens samedi 22 décembre. 25 individus ont été interpellés et quelques uns seraient encore en garde à vue ce 23 décembre. Une manifestante et un policier ont été blessés. La Mairie porte plainte pour dégradations.
Pour leur sixième samedi de mobilisation, les Gilets jaunes ont dévoilé leurs divisions dans le centre-ville d'Amiens. Ce 22 décembre, il fallait bien distinguer deux groupes de manifestants, avec chacun un but bien particulier.
"Visiblement, d'un côté, on avait des gens un peu plus responsables qui ont déclaré leur manifestation et ont suivi le parcours prévu sans qu'aucun problème ne soit signalé, constate la préfecture au lendemain des faits. De l'autre, on avait un rassemblement spontané qui s'est réuni avec l'envie d'en découdre avec les forces de l'ordre, sans se soucier de la tranquillité et de la sécurité des passants."
Des dégâts limités au mobilier urbain
Une manifestation pacifique, autorisée par les pouvoirs publics, s'est élancée de la gare à 14 heures pour gagner la maison de la Culture via les quais, puis est revenue vers son point de départ, en passant par le mail Albert-Ier. Alors que celle-ci, comptant jusqu'à 250 manifestants, suivait son parcours, un second rassemblement s'est formé devant le parc de la Hotoie, réunissant 270 personnes.C'est ce groupe qui, en se rendant à son tour à la gare vers 15 heures, a entraîné le blocage de la circulation et les dégradations de mobilier urbain sur l'esplanade Édouard-Branly, devant la gare et sur les quais de Saint-Leu. La maire UDI d'Amiens, Brigitte Fouré, a annoncé avoir déposé une plainte pour dégradations.
"Il n'y a aucune raison pour que les contribuables amiénois supportent les conséquences des actes volontaires accomplis par certains manifestants," indique la première édile. Si un aribus a été détruit, plusieurs poubelles enflammées, des conteneurs à verre renversés sur la voie publique à Saint-Leu, aucun commerce n'a été vandalisé par les manifestants. La mission principale des forces de l'ordre, "éviter à tout pris une entrée massive sur le marché de Noël et ainsi une confusion de la foule," a été accomplie.
Une violence alimentée par les heurts de Glisy
Selon la préfecture toujours, le mouvement non-autorisé et violent a été nourri par les affrontements du matin-même à Glisy (Somme), dans l'agglomération amiénoise. Occupant deux rond-points, plusieurs dizaines de Gilets jaunes s'étaient affrontés avec les forces de l'ordre, échangeant projectiles diverses contre gaz lacrymogènes. Une personne avait alors été interpellée et un policier légèrement blessé à l'arcade. La majorité des manifestants restants ont déjeuné sur place, avant de mener une opération escargot sur la rocade et de converger en début d'après-midi vers la Hotoie.25 personnes ont été interpellées au cours de la journée, une à Glisy, une dizaine à Saint-Leu et une quinzaine rue Saint-Honoré. Aucun de ces individus ne se trouvaient dans la marche pacifique déclarée à la préfecture. Ce 23 décembre à 15 heures, "la plupart des gardés à vue" auraient été relâchés. Les autres, suspectés de "dégradations", "violences" ou "regroupement malgré sommation", ont vu leurs auditions prolongées. Un rassemblement s'est déroulé à 11 heures devant le commissariat pour protester contre ces gardes à vue. Selon nos informations, une manifestante aurait été incommodée par les gaz lacrymogènes sur le parvis de la gare.