Directrice artistique, typographe, graphiste, autrice, Lucie Baratte touche à tout. À travers ses connaissances, elle livre des histoires de femmes artistes, autrices, oubliées ou négligées par l’histoire.
Quand on lui demande ce qu’elle fait dans la vie, Lucie Baratte peut passer quelques minutes à répondre, tant son profil est atypique. "Je présente tout mon profil. Je suis designeuse graphique et autrice. J’ai aussi créé une startup dans l’identité visuelle. Ma passion, ce sont les logos et les histoires. Tout est lié. Dans ces domaines, on raconte des histoires. On transforme une émotion en forme visuelle ou littéraire".
Logology, un service personnalisé
La passion de Lucie : les logos. Formée à l’école Estienne, des Arts et industries Graphiques, à Paris, elle lance, en 2018, la start-up Logology, un site web de création d’identité visuelle. À partir d’un questionnaire, le client peut choisir un logo qui représentera son entreprise. 800 logos sont proposés sur le site, tous dessinés par Lucie. "On part d’un questionnaire sur les valeurs et l’identité de l’entreprise. Plutôt que de demander le cahier des charges du client et autres questions administrative, on s’attache à l’histoire du client, à ce qu’il veut raconter, véhiculer comme émotion", explique Lucie Baratte.
Premiers pas dans la littérature
L’histoire comme véhicule des émotions. Lucie se passionne tout naturellement pour la littérature et devient autrice. En 2016, elle publie Looking for Janis, son premier livre à grand tirage. Le récit de son voyage aux États-Unis, sur les traces de Janis Joplin, l’icône rock des années 70. L’écriture prend alors la forme d’une revanche. "La musique au féminin m’inspire depuis toujours. J’ai grandi dans une famille qui écoutait beaucoup de musique. Chez moi, il y avait 5 000 disques environ. Quand j’ai eu 14 ans, je suis tombée sur la musique de Janis Joplin et j’ai découvert qu’il y avait des femmes dans ce milieu et une grande richesse sur les sujets qu’elles abordent. Mais peu de gens connaissaient ces figures féminines alors que ces femmes ont eu un rôle majeur et des carrières incroyables", rappelle Lucie.
Redonner la place aux autrices
En 2020, elle publie Le chien noir, son premier texte de fiction aux Éditions Le Typhon. Là encore, les femmes sont à l’honneur. "C’est une relecture de Barbe bleue, un archétype de notre inconscient collectif. J’avais besoin de le relier à l’histoire des femmes et à la domination masculine pour essayer d’y trouver de la lumière", précise l’autrice. Son parcours de féministe engagée ne s’arrête pas là. Lucie participe au podcast Les parleuses, qui propose des enregistrements en public. À chaque séance, une autrice contemporaine présente une autrice historique.
Dans son podcast, Lucie choisi Marie-Catherine d’Aulnoy, une autrice de la fin du 17e siècle, à l’origine du conte merveilleux. "Lucie a une connaissance approfondie de la littérature du 17e siècle. Son choix de parler de Marie-Catherine d’Aulnoy était très intéressant car c’est une femme oubliée. Avant elle, aucun auteur ne s’était penché sur le conte comme outil de littérature sérieuse. Charles Perrault a repris cette forme littéraire. Mais c’est lui que l’on a retenu dans l’histoire", explique Aurélie Olivier, directrice de l’association Littérature, etc, créatrice du podcast Les parleuses.
Revisiter le passé, le réparer, c’est aussi une volonté affirmée de Lucie Baratte. "Cette autrice prolifique a été éclipsée par Charles Perrault. Pourtant d’autres femmes après elle ont utilisé le conte pour faire valoir les valeurs féministes avant l’heure, pour dénoncer les mariages forcés de l’époque, pour valoriser les femmes vives, cultivées, intelligentes", ajoute Lucie.
Retrouver l'intégralité de l'émission Hauts féminin diffusée le 22 mars avec Lucie Baratte et les autres épisodes de l'émission sur France.tv.