Somme : en annulant deux arrêtés anti-renard, la justice donne raison à deux associations de défense des animaux

Jeudi 27 mai, le tribunal administratif d’Amiens a annulé deux arrêtés préfectoraux qui permettaient "la destruction par tir de nuit" de 1600 renards. Une victoire pour les défenseurs des animaux sauvages.

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"C’est une double victoire !", s’exclame au téléphone Richard Holding, responsable de la communication de l’ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages). Avec une autre association de défense des animaux, l’ASPAS avait saisi la justice concernant deux arrêtés préfectoraux, autorisant l’abattage nocturne de renards. Jeudi 27 mai, le tribunal administratif d’Amiens leur a donné raison en annulant ces deux arrêtés.

Publiés le 15 juillet 2019 et le 13 août 2020, ces deux arrêtés préfectoraux autorisaient le lieutenant de louveterie à effectuer des tir de nuit entre août et fin mars. Dans la limite de 1600 renards et 400 sorties. "Le tir de nuit c’est une forme de battue, explique Richard Holding. Le lieutenant de louveterie utilise des projecteurs pour illuminer les yeux du renard. Ça fait donc des cibles".

Un animal dans la liste des espèces susceptibles d'occasionner des dégâts

L’arrêté de 2020 avait déjà été suspendu par la justice. Avec cette annulation le tribunal reconnaît que la préfète a fait une application "inexacte" du code de l’environnement.

"Le renard est sans doute l’animal le plus chassé en France, regrette le défenseur des animaux sauvages. En 2017, il a été placé sous le statut d’espèce susceptible d’occasionner des dégâts". Dans son jugement, le tribunal administratif d’Amiens estime que du fait de ce statut, le renard "peut tout au long de l’année faire l’objet de mesures de piégeage, déterrage ou de tir de jour". D’autant plus que dans la Somme, la chasse du renard bénéficie d’une "ouverture anticipée", rappelle encore le tribunal.

"Moins d'1% des dommages" causés par le renard

Du côté des chasseurs, l'ambiance est moins à la fête. "C'est une mauvaise nouvelle. Je ne sais pas comment on fera pour réguler le renard, qui fait des dégâts considérables à la petite faune", regrette Yves Butel, président de la fédération de chasse de la Somme. "Si la préfète avait pris ce genre de décret, c'est qu'il y avait une raison", rajoute-t-il.

Une affirmation vite balayée du côté de l'association de défense des animaux : "Beaucoup de littératures scientifiques montrent que le renard s’auto-régule. Il adapte sa population selon la place disponible. Les portées sont adaptées à la quantité de nourriture disponible", explique Richard Holding. Une position validée par le tribunal d’Amiens. "Si la population du renard est importante dans le département, les données statistiques versées au dossier […] font apparaître que cette population est stable".

Concernant les dégâts que peut provoquer le renard, la justice répond "il ressort également des pièces du dossier que moins de 1% des dommages subis par la faune sauvage sont imputable au renard dans le département, que la diminution de la présence de la perdrix grise résulte principalement des pratiques agricoles, que l’indice de présence du lièvre en 2018 a très peu évolué depuis 2003 et que la chasse, même très encadrée, reste autorisé pour la petite faune sauvage".

"Le renard est même le meilleur allié des paysans, rajoute Richard Holding. C’est un grand consommateur de campagnols et de petits rongeurs susceptibles de créer des dégâts dans les prairies. Il suffit de faire confiance au renard et de laisser faire la nature", philosophe-t-il.

"Ils n'y connaissent rien, s'emporte Yves Butel. Ils gèrent ça depuis leurs bureaux des grandes villes. Ce sont des anti-tout". 

17 arrêtés annulés en 5 ans

Pour Richard Holding, la raison de cet acharnement autour du renard est toute trouvée : "c’est la pression des chasseurs, estime-t-il. Ils voient dans le renard un concurrent, qu’ils accusent de voler leur gibier. Sauf que le renard chasse pour survivre. Les chasseurs, c’est pour le plaisir".

Ce à quoi le chasseur rétorque : "Écoutez, il y a trois jours, un paysan d'Abbeville m'a appelé. Il s'était fait bouffé tous ses canards par des renards. Je n'invente pas ! C'est facile d'affirmer des choses pareilles quand on ne vit pas à la campagne", souffe-t-il.  

Ce n’est pas la première fois qu’un arrêté de ce genre est débouté par la justice. "En 5 ans on a remporté 17 victoires contre ce genre d’arrêtés. Ça crée une jurisprudence et de moins en moins de préfets prennent ce genre d’arrêtés", assure Richard Holding.

Pourtant, Yves Butel prévient : "Quand il y aura trop de renards, on verra des maladies se développer ! De plus en plus de renards ont la galle. Je peux vous dire que c'est pas beau un renard qui a la gale". 

Le tribunal d'Amiens a également condamné l'État à verser la somme de 1500 euros à l'ASPAS.

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