En raison de la hausse des prix de l’énergie, une trentaine de centres aquatiques gérés par la société Vert Marine ont fermé brutalement leurs portes. Trois piscines sont concernées dans les Hauts-de-France.
Sur les portes closes de la piscine-patinoire l'Arobase à Roye, dans l’est de la Somme, est affiché depuis le lundi 5 septembre, un mot inattendu à l’attention des usagers : "C’est avec regret que nous nous retrouvons dans l’obligation de fermer temporairement votre équipement à compter d’aujourd’hui à cause de la crise énergétique." Cette missive, signée par la direction du groupe Vert Marine, n’indique aucune date de réouverture.
Deux autres centres aquatiques des Hauts-de-France gérés par Vert Marine ont également fermé leurs portes lundi : la piscine Calyssa d’Armentières dans le Nord et la piscine de Fitz-James dans l’Oise.
Des fermetures brutales, que les usagers ont découvertes avec étonnement : "Ce matin, j’étais super contente de repartir à la piscine. Là, j’ai vérifié les horaires et j’ai vu que c'était fermé temporairement suite à la crise budgétaire, et donc je cherche ailleurs !", témoigne une habitante d’Armentières. "Pour moi, ça fait partie de mon hygiène de vie. Faire 1500 mètres par semaine, ce n’est pas grand-chose, mais ça me prive, car à chaque fois que je sors de la piscine, je me sens bien", se désole un autre usager de la piscine Calyssa.
Au total en France, une trentaine de piscines publiques exploitées par le groupe Vert Marine sont concernées par ces fermetures brutales. Certaines resteront ouvertes comme à Méru et Breteuil-sur-Noye car les contrats passés avec les collectivités sont différents, ce sont elles qui supportent les charges et non le groupe Vert Marine.
Une facture énergétique à 100 millions d’euros
Pour justifier ces fermetures, la société affirme ne pas pouvoir faire face à l'explosion de la facture énergétique : "Les hausses du coût de l’énergie que nous subissons tous, ne nous permettent plus aujourd’hui de gérer les équipements de manière équilibrée économiquement et pérenne socialement et ainsi de mener à bien nos missions de service public".
Les centres aquatiques étant très énergivores et alimentés principalement en gaz, la facture énergétique du groupe est passée de "15 à 100 millions d'euros", soit "la totalité du chiffre d'affaires annuel de l'entreprise". Et Vert Marine ne souhaite pas procéder à une multiplication des tarifs par trois, selon son communiqué.
La fermeture temporaire de cette trentaine d'établissements, parfois de gros complexes aquatiques comme Aquapolis à Limoges, s'accompagne de la mise au chômage partiel des personnels. "Au total, 600 employés sur 2 000 sont placés en chômage partiel", a détaillé à l'AFP Thierry Chaix, le président de Vert Marine.
Un appel aux collectivités
Ces établissements font partie des 10 % de piscines sur 4 000 en France qui ne sont pas gérées en direct par les collectivités, mais par un délégataire de service public. Selon les contrats, la société prend en charge les coûts de l'énergie ou les laisse à la collectivité.
Alors Vert Marine fait clairement appel "aux instances locales et gouvernementales afin de prendre les décisions nécessaires et inédites pour revenir à des coûts supportables de l'énergie et permettre d'assumer les obligations de service public, et en premier lieu l'apprentissage de la natation, notamment en milieu scolaire".
"Nous avons décidé de prendre une mesure d'urgence pour ensuite discuter et trouver une solution : par exemple fermer certains bassins dans les piscines, ou bien se rattacher au contrat des collectivités, qui touchent l'énergie moins chère que nous", explique Thierry Chaix auprès de Franceinfo.
Les piscines sont-elles vraiment essentielles dans un moment où l'énergie est si chère ? De toute façon, nous n'avons pas trouvé de meilleure défense que la fermeture.
Thierry Chaix, président de Vert Marine
"On va essayer de discuter avec les collectivités. Leur expliquer pourquoi il faut que cela s'arrête : le coût n'est plus acceptable et l'on ne peut plus le répercuter", a-t-il détaillé, alors que selon lui le coût de l'énergie a été "multiplié par 10 depuis janvier".
Une décision unilatérale qui ne plaît pas
Du côté des élus, l’incompréhension règne. Ces fermetures brutales ont provoqué la colère de certains, fustigeant une décision "unilatérale". À Roye dans la Somme, le Maire s’est dit opposé à la fermeture de l’Arobase.
Dans le Clermontois, la communauté de communes, propriétaire de la piscine de Fitz-James, indique dans un communiqué que cette fermeture, "décidée unilatéralement par [le] délégataire de service public", survient après "la réalisation d’un million d’euros de travaux d’amélioration de l’équipement, financé par l’État, la région Hauts-de-France, le département de l’Oise et la communauté de communes du Clermontois".
Avant de dénoncer une "méthodologie cavalière" :
Des échanges entre les services communautaires et Vert Marine ont eu lieu vendredi 2 septembre après-midi, sans que rien ne filtre sur leurs intentions.
La communauté de communes du Pays du Clermontois
Lionel Ollivier, président de la communauté de communes du Pays du Clermontois se dit "particulièrement remonté" : "Ils ont invoqué la force majeure, mais moi je n’ai pas apprécié la méthode. Il n’y a eu aucune concertation, pas de pédagogie. On vient de rouvrir la piscine le 1er août. On est dans la période d’abonnements, ils ont continué à souscrire des abonnements le dimanche, en se gardant de dire que la piscine fermait le lendemain".
Les élus et responsables du Pays du Clermontois disent étudier tous les recours possibles pouvant mener à la réouverture du centre aquatique.