Le 8 août est le jour de deuil de l’armée allemande. Cette phrase a été écrite par un homme rongé par l’amertume : Erich Ludendorff. En effet, le stratège voit ses rêves s’envoler. Les troupes du Kaiser ne gagneront pas la guerre. Pire, ses combattants se rendent par milliers. Le quartier-maître général les croit contaminés par l’esprit de défaite entretenu à l’arrière. En fait, les soldats n’en peuvent plus.
Les rapports remis sur cette journée fatale accablent le quartier maître général. Des hommes se rendent à des cavaliers isolés, des détachements entiers mettent bas les armes face aux chars d’assaut. Des soldats en plein repli haranguent les troupes fraîches venues à la rescousse : « Briseurs de grève, prolongeurs de guerre !!! »
Les officiers n’ont plus prise sur ces fantassins épuisés et mal nourris. Ludendorff lui-même en est persuadé, la discipline enfuie, il faut finir la guerre.
Les offensives victorieuses du printemps sont un trompe-l’œil. Certes, les Allemands ont mis fin à la guerre de tranchée, mais leur tactique, si brillante soit-elle, leur coûte cher. La guerre de mouvement se paie aux prix du sang.
Ernst Junger a décrit l’assaut lancé en Artois en mars. Il emmène 150 hommes avec lui ; Les obus pleuvent ; Ils ne sont plus que 63 avant même d’avoir attaqué. Les Anglais savent eux aussi se servir des mitrailleuses et ils vendent chèrement leur peau.
D’offensive en offensive, les Allemands ont progressé, mais sans jamais emporter la décision. Picardie, Nord, Champagne, à chaque fois, les pertes n’ont pu être comblées. Leurs forces s’amenuisent. Les fantassins l’ont compris
Alors, si la bataille continue, le cœur n’y est plus et le temps du recul est venu.