La start-up Tiamat a signé sa convention d’implantation : ce qu’il faut savoir des batteries sans lithium en production d'ici 2025 dans la Somme

La start-up amiénoise Tiamat, concepteur de batteries au sodium-ion, vient de signer la convention d’implantation de sa future gigafactory. Les travaux commenceront à Boves (Somme) en octobre et les premières lignes de production seront opérationnelles fin 2025. Objectif : 100 millions de cellules de batteries produites par an. De quelle technologie parle-t-on ? A quoi servent les batteries sodium-ion bientôt en fabrication ? Éléments de réponse.

C'est un grand pas pour la start-up amiénoise Tiamat. Entouré des représentants de l'Etat, de la Région, de la CCI Amiens-Picardie et d'Amiens Métropole, le concepteur de batteries sans lithium ni cobalt a signé le mardi 7 mai, une convention d'implantation pour sa future usine de production. 

"Nous allons commencer les travaux dès octobre prochain et nous lancerons la production avec une première ligne fin 2025, début 2026"

Hervé Beuffe, PDG de Tiamat

Sur un terrain de 25 hectares, situé à Boves, aux portes d'Amiens (Somme), se dressera bientôt une gigafactory d'une capacité de 5 gigawattheures. En quoi consiste cette future usine de batteries sodium-ion ? On vous détaille ce qu'il y a à savoir.

C'est quoi une batterie sodium-ion ? 

Moins connue que son homologue, la batterie au sodium, elle partage pourtant les mêmes caractéristiques chimiques et physiques que celle au lithium. Dans les deux cas, le fonctionnement repose sur le mouvement constant d'ions entre des électrodes positives et négatives. "Dans la majorité des cas il s'agit d'ions lithium-ions, explique le PDG de Tiamat, Hervé Beuffe. Nous, nous utilisons des ions sodium pour passer d'une électrode à l'autre."

La batterie au sodium est rechargeable, elle utilise des ions sodium (Na+) et s'affranchit donc de l'utilisation du lithium, du cobalt et du nickel, "qui sont aujourd'hui les matériaux majoritairement utilisés par les producteurs de batteries", précise Hervé Beuffe. 

Une technologie plus durable 

Contrairement au lithium, le sodium est présent en abondance sur terre. Il est même le sixième élément le plus présent, notamment dans le sel de mer. Ceci rend les batteries au sodium potentiellement moins chères et plus accessibles. À l’inverse des outils au lithium qui nécessitent souvent l'extraction de métaux rares, la fabrication des batteries au sodium aurait un plus faible impact environnemental.

"Le fait que ces batteries soient fabriquées en France, c'est aussi un avantage énorme, avance le PDG de Tiamat, elles ne proviennent pas d'Asie donc pas de transport. Nous visons une production la plus locale possible." Un objectif pour Tiamat qui, à l'heure actuelle, fait fabriquer sa matière première chez "un chimiste européen" précisait en janvier 2024, le directeur technique de la compagnie, Mathieu Morcrette. 

Pour quels usages ? 

Voiture, vélos électriques...Pouvons-nous utiliser des batteries sodium-ion au quotidien ? C'est déjà, en partie, le cas. En octobre 2023, une visseuse équipée d'une batterie sodium-ion fabriquée par Tiamat a été commercialisée dans les magasins d'une enseigne de bricolage en France. Il s'agit ici de la première génération de batteries sodium-ion produite par la start-up, destinée à répondre au marché de l'outillage électroportatif et du stockage stationnaire d'énergie.

"Elles ont la particularité de se charger très rapidement, en moins de 10 minutes, ce qui les rend optimales pour des opérations d'hybridation de moteurs thermiques." 

Hervé Beuffe, PDG de Tiamat

Les batteries sodium-ion pourraient être utilisées comme une alternative moins coûteuse et plus simple pour recharger rapidement un véhicule électrique. À condition de développer un second modèle de batterie. "Nous travaillons sur une génération 2 destinée à de la traction automobile mais nous sommes à un niveau de maturité inférieure, précise Hervé Beuffe, nous sortirons cette technologie à horizon 2026.

Pour le moment, ces batteries de deuxièmes générations ne permettent pas de remplacer totalement les équipements lithium-ion car l'énergie stockée par les batteries sodium reste inférieure aux capacités des batteries au lithium.

5 gigawattheures d'ici 2030 

Sur 25 hectares de terrain seront construits trois bâtiments dans l'optique d'atteindre 5 gigawattheures, soit 300 000 cellules de batteries produites par jour d'ici 2030. Première étape : la construction d'une première ligne de production d'une capacité de 0,6 gigawattheure début 2026.

Entre 1500 et 2000 emplois devraient être créés à terme sur ce site de Boves (Somme). Un pari semble-t-il gagnant pour les collectivités locales qui ont investit dans le projet industriel : 1,3 million d'euros d'Amiens Métropole ainsi qu'une première tranche de 8 millions d'euros de la part de la Région. Quant à l'Etat, il investit 25 millions d'euros au titre du plan France 2030 pour l'investissement dans les technologies innovantes et la transition écologique. 

La future gigafactory de Boves, rejoint ainsi les autres grands projets industriels autour de la production de batteries situées dans les Hauts-de-France, à Dunkerque, Douai et Douvrin. 

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