Le réchauffement climatique entraîne le report de la saison du hareng et inquiète les organisateurs de la harengade du Tréport

Les harengs se regroupent normalement sur les côtes de la Manche début novembre. Mais avec le réchauffement climatique, trouver ces poissons en cette saison devient de plus en plus compliqué.

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De la Normandie au Pas-de-Calais, en passant par la Somme, la pêche au hareng est une tradition ancienne. Il se mange mariné ou encore grillé à la harengade du Tréport en novembre, quand la saison arrive. Mais encore faut-il que celle-ci ne soit pas retardée à cause du réchauffement climatique. 

Le réchauffement climatique retarde la saison 

Car si l'évènement connaît un succès similaire aux années précédentes, le réchauffement des eaux aurait pu le compromettre. "On devait être livrés lundi mais on n'a pas eu de hareng avant mercredi. Donc il a fallu faire assez vite pour aller pêcher, pour la marinade", poursuit Jean-Pierre Boimare en ajoutant : "mardi, on ne savait pas quoi faire, on a eu peur".

D'après les pêcheurs avec qui il a pu discuter, "le temps est trop chaud, donc le poisson a du mal à passer et d'un seul coup, c'est arrivé". Toutefois, il estime que "plus ça va aller" avec le temps, "plus on va avoir du mal". À Saint-Valery et Dieppe, par exemple, la harengade a été reculée d'une semaine. "On a pris le risque d'essayer, et bon, ça a marché", se réjouit-il.

Il n'exclut néanmoins pas de reporter l'édition de l'an prochain à une date ultérieure si la saison vient à être retardée. À ce stade, "on ne sait pas si on va décaler un petit peu, on a peur de ne pas avoir de hareng".

Le constat est partagé par Naomie Lunder, vendeuse du Sainte-Marie de la mer II, qui observe que "la mer est trop chaude, donc forcément, il y a moins de harengs. Ils descendent moins dans cette période-là". Cela n'empêche pas la demande : "ça reste une tradition chez nous donc on a quand même assez de monde, toujours les mêmes clients, les mêmes personnes qui commandent et ça c'est top".

"C'est une tradition"

Cette année encore, plus d'un millier de personnes se sont déplacées pour profiter des festivités et de moments de convivialité. La harengade est une véritable institution qui contribue au rayonnement culturel et économique du Tréport. Un report progressif pourrait la mettre à mal.

"Le hareng, c'est important au Tréport, parce que c'est le poisson de la région, explique Jean-Pierre Boimare, président du Tréport festif. C'est la quinzième harengade cette année, et ça attire un monde fou. C'est une tradition maintenant". L'année dernière, entre "1200 et 1300 repas" ont été servis aux visiteurs, et "cette année, c'est parti pareil". Pour le moment, les difficultés ne se voient pas pour les personnes qui se sont déplacées. 

"On vient des Ardennes tous les ans"

Si les Tréportaises et Tréportais sont nombreux à venir chaque année, des visiteurs sont prêts à faire de la route pour venir goûter le hareng grillé ou mariné. "On vient des Ardennes tous les ans pour ça, ça fait 15 ans", lance une dame qui confie avoir fait quatre heures de route.

Patrick, de son côté, vient depuis une dizaine d'années... mais il grille du hareng depuis 26 ans ! Cet habitant de Beauvais, dans l'Oise, possède une maison secondaire au Tréport. Il a "commencé sur l'esplanade et le quai". Pour lui, c'est "un plaisir" de venir, notamment pour "la convivialité qui est agréable".

J'aime bien le Tréport, c'est un pèlerinage !

Une visiteur venue des Ardennes

Quant à Chantal Morel, bénévole au Tréport festif, elle souligne qu'il faut "bien bosser" en amont, généralement une semaine avant, pour "tout préparer". "On prépare la marinade, on a commencé à mariner mercredi".

La raison de sa présence bénévole est d'ailleurs très simple : elle veut faire vivre sa ville du Tréport et ses alentours. Elle aussi cite une atmosphère conviviale et familiale. "C'est un très bon moment, ça fait 10-15 ans qu'on fait ça", conclut-elle.

La saison de la pêche au hareng se poursuit jusqu'au mois de janvier. Les bénévoles et pêcheurs craignent qu'avec le rechauffement climatique, les prochaines saisons soient reportées, comme dans de plus en plus de villes.  

Avec Claire-Marine Selles / FTV

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