Six sucreries de l'entreprise Tereos ont arrêté mardi après-midi leur production en raison d'un conflit social portant sur des augmentations salariales.
"Nous avons jugé que ça devenait intenable pour les encadrants et les agents de maitrise qui ne sont pas en grève. On arrête aujourd'hui les productions dans six sucreries sur douze", a déclaré Didier Corsa, directeur industriel de Tereos France, précisant qu'il s'agissait des sites de Boiry (Pas-de-calais), Escaudoeuvres (Nord), Artenay (Loiret), Bucy (Aisne), Chevrières (Oise) et Origny (Aisne). "Nous avons proposé 1,1% d'augmentation générale et deux autres mesures, dont le total fait 1,65%", a expliqué M. Corsa, soulignant qu'un ouvrier gagnait plus de 40.000 euros bruts annuellement chez Teros France.
"Nous sommes ouverts au dialogue syndical et prêts à écouter les délégués syndicaux centraux, mais il faut qu'ils soient plus raisonnables. 1,65% d'augmentation dans un contexte déprimé et sans inflation, j'ai presque tendance à dire que c'est très bien", a assuré M. Corsa. Ce mouvement de grève intervient en pleine campagne sucrière.
Les syndicats estiment pour leur part que "la direction a voulu mettre un coup de frein aux acquis sociaux", a expliqué à l'AFP Thierry Baillieu, délégué syndical central CFDT. Le mouvement de grève, qui a débuté le 15 octobre, "est monté crescendo", avec "un préavis de grève lundi de quatre heures par poste (sur une durée de sept heures, ndlr)", ce qui a eu pour conséquence "d'empêcher l'entreprise de tourner dans des conditions normales des sécurité", selon la même source.
"C'est historique dans l'histoire du sucre"
"La direction a pris aujourd'hui l'initiative de liquider les établissements, c'est-à-dire de procéder à un arrêt de l'activité de production, c'est historique dans l'histoire du sucre en France", a-t-il dit. L'intersyndicale CGT-FO-CFDT dit réclamer une augmentation salariale semblable à celles des entreprises concurrentes (Cristal Union et Saint-Louis), autour de 1,8% à 1,9%. "Traditionnellement c'est une branche riche, qui n'a pas subi la crise de 2008, avec des cours du sucre à 700 euros la tonne, les caisses débordaient. Là, on est revenu à des cours de 350 à 400 euros la tonne et on nous dit que c'est la catastrophe", a estimé M. Baillieu.Tereos, premier fabricant français de sucre connu pour sa marque Beghin Say, emploie 1.800 employés, avec un chiffre d'affaires d'1,5 milliard d'euros, selon la direction.