Tortures en colocation à Boulogne-sur-Mer : le bourreau principal condamné à 15 ans ferme

Brûlures à l'acide, coups de marteau sur la main, arrachage d'une dent... Ces tortures en colocation sur personne vulnérable ont valu 15 ans de réclusion ferme à leur principal instigateur, condamné jeudi par la cour d'assises du Pas-de-Calais à Saint-Omer.

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De février à septembre 2012, quatre colocataires avaient infligé à une femme qui vivait dans leur appartement de Boulogne-sur-Mer des sévices multiples détaillés au cours de récits saisissant de cruauté, dans le procès débuté lundi. Jeudi soir, la cour a suivi les réquisitions du parquet concernant Fabrice Caffier, meneur des tortures, en le condamnant à 15 ans ferme et cinq ans de suivi socio-judiciaire. Le matin, l'avocate générale l'avait qualifié de "bourreau" et jugé qu'il avait "tout organisé". La cour a par ailleurs condamné le neveu Christopher Caffier à 10 ans ferme, la compagne de Fabrice Caffier, Cindy, à cinq ans dont quatre ferme, et 10 mois avec sursis pour Nadège, une amie. L'avocate générale, moins sévère, avait requis jeudi matin, les concernant, respectivement huit ans ferme, cinq ans avec sursis et trois mois avec sursis.

"C'est le reflet du procès", a estimé Caroline Matra, l'avocate de la victime. "Tout le monde a cru que le procès avait basculé avec les aveux de Fabrice Caffier, mais pour les jurés ça a basculé avec le récit de Carole", la victime. Fabrice Caffier, qui jusque-là niait la plupart des faits, avait opéré un revirement spectaculaire mercredi, en avouant avoir "utilisé tout le monde" et être le principal instigateur des tortures, jusqu'à nier l'implication de ses complices. Le récit de Carole, mardi, les avait pourtant incriminés. L'avocate de Fabrice Caffier, Me Hamadi, s'est quant à elle dite "satisfaite" du verdict, soulignant que son client pourrait sortir d'ici quatre à cinq ans grâce à la peine déjà purgée pendant l'instruction et aux remises de peine.

Misère affective

Le procès débuté lundi à Saint-Omer a mis en lumière l'engrenage de violence ayant conduit ces quatre colocataires à infliger durant plusieurs mois
à Carole, particulièrement vulnérable, des sévices allant de brûlures à l'acide à l'ingestion d'excréments, en passant par des coups répétés dans les côtes et l'arrachage d'une dent. Les débats ont largement concerné l'établissement des faits, d'abord contestés par les accusés avant le coup de théâtre de mercredi. Cela a donné lieu à d'édifiants récits, laissant à l'assistance imaginer pendant de longues minutes la douleur et l'humiliation continuellement subies par la victime.

Le profil de Carole, fragile suite à un deuil et le placement de son second enfant en famille d'accueil, a expliqué comment les faits ont pu se dérouler sans rébellion de sa part; elle était "enfermée mentalement", sous l'emprise de ses tortionnaires. Le parcours empreint de misère affective et d'alcool des quatre accusés a également été abordé. Fabrice Caffier, colosse au visage poupin, a été placé à six mois, n'a quasiment pas connu ses parents si ce n'est pour les voir mourir à petit feu de leur alcoolisme. Christopher a passé son adolescence et sa jeune vie d'adulte à agir en délinquant pour exorciser l'abandon moral de ses parents. Cindy, violée à 15 ans, soumise à Fabrice dès ses 16 ans, n'a jamais réussi à se défaire de son violent compagnon. Nadège, enfin, connue dans son quartier pour emmener ses chiens en landau et insulter les passants, a perdu son père jeune et a entretenu une relation tumultueuse avec sa mère - avant de la tuer à coup de couteau, en mai 2014.

Résumant la complexe dynamique de groupe ayant présidé à cette colocation de tortures, Carole confiait, après le verdict: "justice est rendue", même si "ça me fait de la peine de les faire envoyer en prison".
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