Tour de France : Cofidis, la vie sans Bouhanni

"Orphelins" de leur leader Nacer Bouhanni, selon le manager Yvon Sanquer, les coureurs de l'équipe Cofidis ont attaqué le Tour de France dans le brouillard, forcés de se réorganiser et de se remobiliser au dernier moment, avec des résultats opposés dans les deux premières étapes.

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Les coureurs de plaine de l'équipe s'adonnaient depuis le début de l'année au même travail: faire "le train" pour Bouhanni, porter la vedette au devant du peloton afin qu'il s'impose seul dans le sprint. Avec réussite: 4 victoires pour le Lorrain sur des épreuves World Tour. Mais tout s'est effondré dans la nuit de samedi à dimanche, à quelques heures de l'épreuve en ligne des championnats de France, dans un hôtel. Dérangé par des voisins alcoolisés, selon Cofidis, Bouhanni réagit dans des circonstances encore floues et se blesse à la main.

A une semaine du départ du Tour, il part aux urgences, se fait poser des points de suture, prend le départ de la course un bandage à la main avant d'abandonner. La blessure s'infecte, le rêve d'une victoire d'étape sur la Grande Boucle s'envole pour Bouhanni, déjà pas verni sur l'épreuve (abandons en 2013 et 2015). On parle de malédiction.

Un mot à bannir pour la direction sportive de son équipe. "Je préfère parler de réussite que de malchance. Elle n'est pas toujours au rendez-vous", a déconstruit Sanquer vendredi. "On n'a pas vécu que des mauvais moments. On est l'équipe française qui a gagné le plus de courses sur le World Tour. Il faut qu'on la provoque, la réussite, qu'on se batte. Ce n'est pas en s'apitoyant sur son sort qu'on va s'en sortir."

Un discours positif associé à une réorganisation de l'équipe, voilà la solution. "Nous avions déjà de très bons coureurs pour la montagne", insiste Sanquer, qui n'a pas fait dans le poste pour poste: Nicolas Edet, meilleur grimpeur de la Vuelta 2013, a pris la place de leader laissée vacante par Bouhanni. Les autres grimpeurs, Arnold Jeannesson et Daniel Navarro, "ont les capacités de vraiment bien faire sur ce Tour", affirme-t-il.
Et les orphelins du train? C'est le premier d'entre eux, Christophe Laporte, "devenu un grand poisson pilote", qui est mué en sauveur. Promu sprinteur, le jeune lanceur de Bouhanni, âgé de 23 ans, est épaulé par ses compères Geoffrey Soupe, Cyril Lemoine et Borut Bozic.

"Gagner une étape malgré tout"

"J'ai mis mes chances de côté depuis pas mal de courses depuis que je suis avec Nacer. Mais j'ai aussi pas mal appris à ses côtés", pèse Laporte. "Les automatismes, avec le train, on les a depuis le début de saison. On l'a vu, ça a bien marché. On va essayer de reproduire le même schéma sans Nacer. Le train est là, il manque le dernier élément. On arrivait à le déposer à 200 m de la ligne, je suis sûr qu'on y arrivera."

"On essaye de reproduire ce qu'on faisait avec (Nacer), sauf que c'est Christophe qui sprinte", a également relativisé Soupe. "En fin de compte, ça ne change vraiment pas grand-chose". La première étape, samedi, leur a donné raison: Laporte a terminé 6e, seulement devancé par les cadors de la ligne droite (Cavendish, Kittel, Sagan, Greipel) et Edward Theuns (5e), qui lui prend d'un rien le maillot blanc de meilleur jeune.

Mais dimanche, sur la côte finale de la Glacerie, le Toulonnais n'avait plus d'énergie (108e). "Il ne se sentait vraiment pas bien", a expliqué à chaud Cyril Lemoine. "Je ne m'en suis pas aperçu, j'ai continué à vouloir essayer de le placer mais il n'était plus là". "ll nous reste 2-3 trucs à régler", reconnaît Lemoine, l'ancien de l'équipe chargé de remobiliser les siens. Suffisant pour tenir les objectifs fixés par Sanquer, à savoir, une place dans les dix premiers pour les grimpeurs Jeannesson et Navarro, "gagner une étape malgré tout" et le maillot blanc de meilleur jeune pour Laporte ? N'en atteindre qu'un serait déjà un succès.
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