L'Agence de la biodiversité se réunit ce 20 février pour rendre son avis sur le parc éolien offshore au large du Tréport. Un avis que l'on dit favorable malgré la large opposition locale à ce projet.
La réunion du conseil d'administration de l'Agence Française de la Biodiversité (AFB) est prévue à 14h30 à Vincennes. Une réunion qui laisse peu de place au suspens : le projet d'éolien offshore devrait être entériné malgré une large opposition locale à ce projet.
Car les opposants à l'implantation de 62 éoliennes au large de Dieppe et Du Tréport sont nombreux. D'abord, le Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale. Créé en 2012, il oeuvre pour une meilleure protection du milieu marin et un développement durable des activités maritimes qui en dépendent.
32 Aires Marines Educatives de Wimereux (62) jusqu'au Tréport (76)
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© Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale
Un avis défavorable qui ne fait plus autorité
L'installation d'un parc offshore d'éoliennes n'est pas sans impact sur le milieu marin. Et le projet au large de Dieppe et du Tréport se situe pour un tiers sur son périmètre d'action. C'est pourquoi le Parc naturel marin a été consulté.Le 20 octobre dernier à Abbeville, après avoir regardé de près l'étude d'impact réalisée par le consortium d'Engie, EDPR et la Caisse des dépôts à la tête du dossier, la direction du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale a rendu un avis négatif quant à l'implantation telle qu'elle est prévue par 34 voix contre, 20 pour et 2 abstentions.
Un avis qui faisait autorité jusqu'en janvier 2017. Avant cette date, les parcs naturels marins rendaient des avis dits "conformes" qui devaient être obligatoirement suivis par les autorités. Mais en janvier 2017, le droit de rendre un avis conforme a été transféré à l'AFB. Les parcs naturels marins ne rendent désormais plus que des avis "simples" autrement dits consultatifs. Autant dire que leur poids dans la balance a été largement allégé.
Une situation que le bureau du Parc naturel marin juge empreinte de "mépris" au point d'annoncer sa démission collective si l'AFB se prononce en faveur du projet
Et il n'y a pas que le Parc marin naturel qui est contre ce projet. Sur place, les pêcheurs et les habitants de la zone concernée n'en veulent clairement pas pour des raisons à la fois économiques et environnementales.
Quel impact sur l'environnement ?
Selon les professionnels de la pêche, les éoliennes seront implantées dans l'une des zones de pêche les plus poissonneuses. Les travaux d'installation risquent de perturber durablement les habitudes de la ressource mais aussi l'éco-système. D'autres arguments sont avancés par les opposants : outre la pollution visuelle, l'impact sur les oiseaux est évoqué, notamment les collisions et les conséquences des travaux sur la nidification des espèces marines.
Pour l'État, c'est également une question de transition énergétique qui pousse à la réalisation de ce parc : d'ici 2020, 20% de la consommation totale des énergies dans les pays de l'Union européenne devront venir de sources renouvelables. En France, l'État voit plus grand avec un objectif de 23%. Aujourd'hui, on est plutôt à 10%. Les pouvoirs publics ont donc besoin d’éoliennes (entre autres) pour ne pas prendre trop de retard.
Les éoliennes au large de Dieppe et du Tréport sont théoriquement attendues en 2021. Le projet prévoit l’implantation de 62 éoliennes offshore à 15 km du Tréport et 16 km de Dieppe. Elles s’étendront sur 91,5 km². Leurs nacelles étant prévues à 123,5 m de haut et, les palmes faisant 88 m de long, l’ensemble dépassera les 200 m de hauteur.