Pour obtenir à terme sa libération conditionnelle, Marc Dutroux a écrit une lettre d'excuses aux familles de ses victimes. France 3 a recueilli le témoignage de colère et dégoût de deux pères qui ne veulent pas entendre parler d'un Dutroux libre...
Une épreuve de plus pour les parents de Julie et Mélissa, deux des victimes du pédophile Marc Dutroux. Vingt-deux ans après avoir enlevé, violé, séquestré et laissé mourir deux fillettes et deux adolescentes, le criminel belge a écrit aux familles des victimes, dans le cadre de sa demande de libération conditionnelle. Le droit belge exige en effet "la repentance".
La lettre devrait être envoyée prochainement aux familles. "Dutroux est gravement coupable mais pour moi c'est quelqu'un qui a réglé ses comptes avec la société, explique Me Bruno Dayez, l'avocat de Marc Dutroux. Sinon, cette pétition n'a aucun sens. Elle s'assimile à une condamnation à mort à vie."
"Faire un pas..."
Le pénaliste inscrit bien cette démarche dans la perspective d'une nouvelle demande de libération conditionnelle. Avec en tête l'objectif de faire libérer Dutroux en 2021, il rappelle qu'une des "cinq conditions" pour une libération anticipée concerne "l'attitude du condamné à l'égard des victimes". Ainsi de ce point de vue "il m'a paru opportun de faire un pas dans votre direction".
Le courrier a été écrit par l'avocat puis validé par Marc Dutroux lui-même. Pour Jean-Denis Lejeune, le père de Julie, cette lettre d'excuses de Marc Dutroux est l'épreuve de trop. Il parle de "torture morale". Gino Russo, le père de Melissa, affirme de son côté qu'il est impossible de pardonner à Marc Dutroux. France 3 a recuilli leur témoignage.
La polémique autour d'une éventuelle libération conditionnelle fin 2020-début 2021 de Marc Dutroux fait rage en Belgique. Ce jeudi, son avocat a également évoqué la question de l'indemnisation des victimes. Car le criminel belge, condamné à la prison à perpétuité pour avoir été le tortionnaire de six jeunes filles en 1995-96, "ne possède strictement rien" et "est totalement incapable" d'indemniser ses victimes ou leurs familles.
Dans un courrier, que viennent de recevoir les parents de quatre fillettes assassinées et les deux jeunes femmes également violées qui ont survécu à leur séquestration, Me Bruno Dayez affirme que son client "est prêt à répondre" aux questions qui seraient demeurées en suspens. Car, assure-t-il, "le procès d'Arlon (en 2004, ndlr) n'a pas livré, loin de là, la réponse à toutes les questions".
Mais dans le même temps l'avocat met en garde sur le risque que soient déçues d'éventuelles attentes en matière de "réparation" et d'"indemnisation". "Quant à votre indemnisation, je suis obligé d'admettre qu'il (Marc Dutroux) ne possède strictement rien et qu'il est totalement et définitivement incapable de satisfaire à cette exigence", écrit Me Dayez.
Rappel des faits
Marc Dutroux, qui a passé 22 ans en prison et aujourd'hui âgé de 61 ans, avait été arrêté le 13 août 1996. Deux jours plus tard, deux adolescentes, Laetitia Delhez et Sabine Dardenne - disparues respectivement depuis quelques jours et quelques mois -, avaient été retrouvées vivantes dans une cache aménagée dans la cave d'une de ses maisons, à Marcinelle, près de Charleroi (sud-ouest).Dans les semaines qui ont suivi, les corps de Julie et Mélissa, deux amies de huit ans enlevées à Liège (est) en juin 1995 et mortes de faim dans la cave de Marcinelle, étaient exhumés d'une de ses propriétés. Puis ce furent ceux de deux jeunes Flamandes, An Marchal, 17 ans, et Eefje Lambrecks, 19 ans, enterrées vivantes dans le jardin d'une autre de ses habitations.