Mohamed Nour, professeur de judo dans l'Oise, était en stage avec ses élèves à Cambrils (Catalogne), quand il fut témoin de l'attaque terroriste de jeudi soir.
Il est minuit passé à Cambrils, lorsque Mohamed Nour, professeur de judo dans l'Oise, est attablé à la terrasse d'un bar avec sa compagne et des amis. Plus tôt, dans la journée, un attentat frappait Barcelone à 120 km de là. "L'ambiance était festive, même si on en avait parlé pendant le repas. Ce sont des choses que l'on ne comprend pas, qui ne sont pas rationnelles", confie Mohamed.
"J'ai hurlé 'courez' !"
Et puis soudain, un moment de panique envahit la terrasse : "on buvait un verre tranquillement avec les champions de judo avec lesquels nous étions en stage, quand tout d'un coup trois filles apeurées sont entrées dans le bar en courant comme si elles étaient poursuivies. On s'est inquiétés et je me suis retrouvé face à face avec le terroriste présumé", décrit-il. "J'ai vu la ceinture d'explosifs [ndlr : la ceinture s'est avérée factice], je me suis retourné et j'ai hurlé 'courez' !'"
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Au moment de l'attaque, le professeur de judo était à la terrasse d'un bar. Il décrit la scène.
S'en suit une course effrénée dans les rues de la station balnéaire espagnole. Un des amis anglais de Mohamed, Fitzroy Davis, est resté à l'endroit, où se trouvait l'assaillant. Le professeur de judo fait alors demi-tour et le retrouve en train de filmer la scène. "La police a dû mettre 40 secondes pour arriver, ils ont été extrêmement rapides, je n'avais jamais vu ça", s'étonne-t-il.
À ce moment-là, les policiers tentent de neutraliser le terroriste présumé vêtu d'un tee-shirt rouge. Comme le montre la vidéo, les agents font usage de leurs armes contre lui, mais l'homme se relève et fait le tour de la voiture. Ce n'est qu'au bout de plusieurs tirs qu'il est mortellement neutralisé.
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Images amateur censurées.
Un cordon de sécurité est mis en place par les forces de l'ordre. Mohamed essaye de rejoindre son véhicule. "On était l'un derrière l'autre, dès que l'on croisait une voiture, on essayait de se cacher pour que l'on ne nous voit pas ; on n'était pas rassurés", se souvient-il.
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Le professeur de judo s'est retrouvé tout près de l'un des terroristes présumés, il le décrit.
"Quoiqu'il arrive, on n'aura pas peur"
Mohamed était en stage avec ses treize élèves de l'école de judo de Ressons-sur-Matz depuis mercredi. Au moment de l'attaque, les enfants étaient à l'hôtel avec quatre accompagnants.
"On devait rester jusqu'à dimanche, mais nous avons pris la décision de partir le plus tôt possible. J'ai tout de suite pensé à leurs parents, je comprends que l'on puisse s'inquiéter, on ne pouvait pas se permettre de rester là-bas plus longtemps."
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Quelques heures après l'attaque de Barcelone, le Picard ne s'attendait pas à un tel scénario à Cambrils.
Au lendemain de l'attaque, Mohamed essaye de prendre du recul : "peut-être qu'une fois que les enfants seront rendus à leurs parents, une décompression s'effectuera, mais là, on reste à l'affût, on n'est pas sereins, on ne pensait pas que c'était possible surtout à Cambrils dans une station balnéaire familiale", avoue-t-il.
Avant de partir le professeur de judo a pris soin de filmer la ville ce vendredi en fin de matinée pour montrer que la vie continue. "Tout le monde était sorti ce matin, les plages étaient bondées, les parents étaient là avec leurs poussettes, la vie reprenait son cours. C'est ce qu'il y a de plus important. Quoiqu'il arrive, on n'aura pas peur".
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Images Mohamed Nour.