Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a inauguré jeudi à Villeneuve-d'Ascq un site pilote accueillant 80 migrants, dont certains ont récemment quitté la "Jungle" de Calais, qui pourront poursuivre leur parcours universitaire après un apprentissage intensif du français.
Le ministre, qui a rappelé que le démantèlement du plus grand bidonville de France était "imminent", sans en préciser la date, a loué ce dispositif d'accueil, expliquant qu'il constitue l'une des facettes d'une évacuation "totalement, exclusivement humanitaire". "Ce dispositif montre que nous agissons dans le cadre d'une opération humanitaire sur laquelle tout le monde est mobilisé. Nous allons poursuivre l'opération", a affirmé le ministre.
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A la demande de l'Etat, le Crous de Lille a ainsi mis à la disposition d'Adoma, l'opérateur national pour l'hébergement et l'accompagnement des demandeurs d'asile, 80 chambres meublées de la résidence universitaire pour l'hébergement de migrants étudiants. Il s'agit de personnes, principalement des Soudanais et des Afghans, en provenance pour partie de Calais mais aussi d'autres centres d'hébergement. La plupart d'entre-eux bénéficient déjà du statut de réfugié, d'autres sont toujours en attente. "Une fois qu'ils auront leur demande d'asile acceptée, ils basculeront dans le droit commun comme tout étudiant étranger. Si celle-ci est refusée, nous verrons avec l'Etat comment procéder", a déclaré à l'AFP Nathalie Chomette, responsable de la communication d'Adoma.
"Merci pour votre aide"
Elle a précisé que des "équipes universitaires" avaient recensé plus de 200 jeunes dans la "Jungle" pouvant bénéficier d'un tel accompagnement mais que l'Etat avait demandé au site pilote de Villeneuve-d'Ascq de n'en recevoir que 80. Après un an d'apprentissage intensif du français, les étudiants pourront alors poursuivre leur études au sein d'un cursus universitaire de leur choix. M. Cazeneuve s'est ensuite entretenu en anglais avec une partie des migrants accueillis, leur expliquant qu'il était "essentiel (pour eux) de convaincre toutes les personnes" à Calais de son "bien-fondé"."Merci pour votre aide. J'ai commencé à apprendre le français à Calais, grâce aux bénévoles. On a pris la décision de rester en France et on va continuer à apprendre le français", lui a ainsi répondu, dans un français correct, Ibrahim, un jeune Soudanais désirant poursuivre des études d'interprétariat. Selon l'Auberge des migrants, ce projet a été mené à l'initiative d'un professeur de l'Université de Villeneuve-d'Ascq et monté en collaboration avec cette association, l'une des plus actives de la "Jungle", dans laquelle s'entassent entre 5.700 et 10.000 personnes, essentiellement des Soudanais et des Afghans.