Visite de Jean Castex à Amiens : Goodyear obtient une subvention de l’État pour maintenir l’emploi

Lors de sa visite sur le site de Goodyear-Dunlop à Amiens Nord, Jean Castex, a annoncé une subvention exceptionnelle de 44,6 millions d’euros à la multinationale américaine pour accompagner l’investissement 150 millions d'euros de l’entreprise, dans le cadre du plan de relance automobile du gouvernement. Un accord que certains élus dénoncent comme un chantage à l’emploi.

Accueil républicain à l’entrée du site Goodyear-Dunlop à Amiens-nord pour le Premier ministre, accompagné d’Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée chargée de l’Industrie. Devant l’immense bâtiment, une poignée d’élus locaux et deux des dirigeants de la multinationale les attendaient pour une visite de l’usine.

Une dizaine de journalistes étaient accrédités pour cet accueil mais tous n’étaient pas autorisés à suivre la visite, comme notre équipe de France 3 Picardie. D’après nos confrères de France Télévisions, accrédités, eux, pour filmer la déambulation, le groupe s’est attardé sur les lignes de productions de pneus. Mais, interdiction de filmer les machines. Nous n’en saurons pas plus sur les process de fabrication.

Une annonce sonnante et trébuchante

Le moment le plus attendu était certainement cette conférence de presse organisée dans un hangar au fond du bâtiment et les annonces sonnantes et trébuchantes du Premier ministre. Avant le discours du président Goodyear France, Jean Castex a lancé un "Keep cool" à l’adresse du président Europe de la multinationale. Un encouragement amical entre deux partenaires qui se serrent les coudes. En effet, cette visite conclue un an de discussions entre l'entreprise Goodyear, l'État et les élus locaux. Le résultat : un investissement de Goodyear à hauteur de 148 millions d’euros dont 44,6 millions accordés par l’État sous forme de prêts et subventions publiques sur cinq ans. "C’est un beau projet qui est essentiel car l’industrie automobile est en pleine mutation. On a besoin de mettre en place des outils de travail et des équipements. Ce projet a pour but de moderniser l’usine, de mettre en place la digitalisation. Notre objectif est de pouvoir assurer la pérennité du site. On est très fiers de pouvoir mener ce projet et nous remercions le gouvernement de nous aider à bâtir ce projet", a indiqué Pierre Jean Grand, président de Goodyear France.

Cet investissement devrait permettre à l’usine d’Amiens de se moderniser et de faire évoluer sa production vers des pneumatiques à haute valeur ajoutée pour les véhicules de tourisme, notamment électriques et hybrides.

Nous allons pérenniser 800 emplois à Amiens

Jean Castex, Premier ministre

Le Premier ministre a défendu la nécessité d’investir en France et de réindustrialiser le pays. "Il faut recouvrer notre souveraineté. Dans l’argent que l’État va déployer dans cet investissement, nous allons pérenniser 800 emplois à Amiens. Nous avons pris des mesures d’accompagnement et de formation des salariés et donc  d’investissement dans les femmes et les hommes qui travaillent. Ils ne vont plus exercer, ici, le même métier. La pénibilité de leur travail se trouvera aussi allégé. L’État participe à hauteur d’un tiers dans ce projet. On a mis le paquet", a annoncé Jean Castex.

Les conditions de travail vont obligatoirement s'améliorer

Christophe Giffard, Secrétaire FO Goodyear Amiens

Un engagement de maintien d'emploi sur 10 ans accompagné d'un plan de formation pour permettre aux salariés de s'adapter aux nouveaux process industriels de l'usine. Le développement de l'automatisation se fera sur 5 ans sans arrêt de la production. Réunis en CSE, la veille de l’annonce officielle, les syndicats ont approuvés le plan de financement et se réjouissent de la nouvelle. "On ne peut que se féliciter de ce projet. Les emplois sont pérennisés et 50% des salariés pourront bénéficier d’une formation sur de nouvelles machines. Les conditions de travail vont obligatoirement s’améliorer parce qu’il va y avoir de l’automatisation. Au niveau santé, les problèmes musculo-squelettiques vont diminuer", se satisfait Christophe Giffard, secrétaire FO à Goodyear Amiens.

Nous espérons qu'aucun chantage à l'emploi n'est à l'origine de cette subvention

Rémi Cardon, Sénateur socialiste de la Somme

De bonnes nouvelles pour les salariés de l’usine et la région, nuancées par certains élus locaux. Rémi Cardon, sénateur socialiste de la Somme s’étonne qu’une aide aussi massive soit accordée pour cet investissement privé. "Le groupe n’est pas en difficultés et annonce encore des bénéfices : 670 millions d’euros en 2021. Espérons qu’aucun chantage à l’emploi n’est à l’origine de la subvention accordée pour ce site industriel que certains observateurs annonçait condamné d’ici cinq ans sans un investissement important."

François Ruffin, député de la Somme (Picardie debout) est optimiste pour l’avenir des salariés de l’usine mais, pour lui, cette annonce n’est pas une coïncidence. "Tant mieux si ça se fait à la veille de l’élection présidentielle. J’avais posé la question au gouvernement, il y a un an et demi pour savoir quel était l’avenir du site Dunlop. On voyait Bridgestone qui tombait, Conti, Goodyear... Qu’est-ce qui allait rester comme filière pneumatique en France ? Je n’ai pas eu de réponse. La réponse tombe aujourd’hui. Je salue les efforts des ouvriers. J’espère qu’ils vont retrouver une vie plus normale dans cette usine pour les dix prochaines années. Il faut que cet investissement se traduise par du progrès social pour les salariés de l’usine."

D’après les syndicats, les effectifs devraient progressivement augmenter dans l’usine pour arriver à 840 salariés. L'usine devrait passer d'une production de 13 000 à 15 000 pneus par an.

 

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