Le juge d'instruction a décidé de renvoyer Willy Bardon, meutrier présumée d'Élodie Kulik, devant la cour d'Assises pour séquestration et enlèvement suivi de la mort de la victime.
Mis en examen en janvier 2013, Willy Bardon, principal suspect dans le viol et le meurtre d'Elodie Kulik, a passé plus d'un an et demi en détention provisoire. Sorti de prison en avril 2014, il avait été placé sous contrôle judiciaire et assigné à résidence avec port d'un bracelet électronique.
Willy Bardon est le seul accusé dans l'affaire Elodie Kulik. Une affaire dont le parquet d'Amiens a décidé de clore l'instruction en février 2016 après 14 ans d'enquête et pour laquelle il n'y a toujours pas eu de procès.
Propos recueillis par Delphine Dubourg et Jean-Paul Delance
Pour Jacky Kulik, le père de la victime, cette nouvelle "représente 15 ans d'un long combat". "J'ai toujours espéré qu'un jour il soit traduit aux assises", a-t-il déclaré. "J'attends qu'il parle, j'attends de savoir dans quelles conditions exactement c'est arrivé", poursuit-il. "J'attends aussi qu'il soit puni, sévèrement puni. Et qu'il finisse sa vie derrière les barreaux", conclut-il.
Elodie Kulik, 24 ans, directrice d'une agence bancaire à Péronne (80), avait été violée puis étouffée en janvier 2002. Son corps avait été retrouvé en partie calciné dans un champ à quelques kilomètres, à Tertry (80).
Avant d'être tuée, la jeune femme avait eu le temps d'appeler avec son téléphone portable les pompiers qui avaient distingué, derrière la voix de la victime, au moins deux voix d'hommes avec un fort accent picard.
10 ans plus tard, l'enquête avait connu un tournant avec l'identification par recoupement d'ADN d'un suspect, Grégory Wiart, mort dans un accident de voiture quelques mois après le meurtre. Willy Bardon était l'un de ses amis.
L'enregistrement de l'appel d'Elodie Kulik aux pompiers juste avant sa mort, est, selon la défense de Willy Bardon, le seul élément à charge de l'accusation.
La voix de Willy Bardon avait été reconnue par l'ancienne compagne de Grégory Wiart et par cinq des six hommes placés en garde à vue en même temps que lui en janvier 2013, ainsi que dans une première expertise. Le mis en examen avait lui-même dit aux enquêteurs que la voix sur la bande sonore ressemblait à la sienne, avant de se rétracter, en niant toute implication dans l'affaire.
Les avocats de Willy Bardon ont 10 jours pour faire appel devant la chambre d'instruction, laquelle a 4 mois pour statuer.