Migrants à Calais : le démantèlement partiel de la "jungle" a débuté

Le démantèlement d'une partie de la "jungle" de Calais a commencé. Un important dispositif de sécurité a été déployé. 

Ce lundi, la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, s'est rendue dans la "jungle" de Calais pour surperviser le début du démantèlement des tentes de fortune. Des personnes en parka orange sont sur les lieux. Une vingtaine de salariés d'une entreprise de travaux publics chargés de démonter les cabanes situées près de la route de Gravelines. Une grande benne accueille les déchets. 

Sous un soleil radieux mais par un vent glacial, ils démontaient à la main les abris de fortune, tentes ou cabanes, vides, puis se débarrassaient d'objets divers dans de grandes bennes: planches, cartons, éléments de charpente... A une centaine de mètres, se trouvaient aussi deux engins de chantier, mais à l'arrêt. Quelques migrants récupéraient aussi ici où là des matelas ou des bonbonnes de gaz.

Nombre d'entre eux observaient à distance cette opération qui se déroulait sur une zone de 100 m sur 100 m, dûment quadrillée par les forces de l'ordre. Plus de trente véhicules de CRS et deux camions antiémeutes étaient ainsi stationnés à l'entrée ouest du camp.



Environ 100 policiers (CRS, BAC et sécurité civile) ont été déployés en renfort sur place pour permettre ce démantèlement dans le calme. Ils empêchent notamment l'accès à la "jungle" pour les bénévoles. Ce déploiement dissuasif vise "à sécuriser le travail de l'entreprise" chargée du déblaiement, mais aussi à "permettre aux maraudeurs de travailler sereinement", pour "que les migrants ne soient pas sous le joug des activités de No borders", a expliqué à l'AFP la préfète du Pas-de-Calais, Fabienne Buccio, présente sur les lieux.

Les maraudes sociales de la préfecture, qui tentent de convaincre les migrants de quitter la "jungle" pour rallier l'un des 102 centres d'accueil et d'orientation (CAO) disséminés en France ou rejoindre le Centre d'accueil provisoire (CAP) composé de conteneurs chauffés, ont en effet été sérieusement perturbées vendredi par ces militants altermondialistes oeuvrant à l'abolition des frontières, au lendemain du feu vert du tribunal administratif validant l'évacuation d'une partie du camp. Ils avaient notamment tenté d'empêcher certains migrants de prendre place dans les bus requis pour leur acheminement en CAO. La préfecture parle d'intimidations, de tags, d'insultes... Une activiste no border britannique - un mouvement altermondialiste qui lutte pour l'abolition des frontières - a été interpellée lors de cette opération, ont indiqué deux sources policières.

"L’action de mise à l’abri que mène l’État à Calais ne saurait être empêchée par ceux qui utilisent et instrumentalisent les migrants, peut-on lire dans un communiqué de la préfecture du Pas-de-Calais. Ces comportements inacceptables vont à l’encontre des objectifs humanitaires de l’État à Calais, exercent une pression inacceptable sur les migrants, les empêchant de choisir l’accueil en France."

Surprise

Cette intervention lundi a visiblement surpris les associations : "Nous n'étions pas au courant de cette opération d'ampleur. Nous ne pensions pas que ça allait le faire avec autant de force de police. C'est d'une tristesse infinie de voir ce gaspillage du travail que nous avons réalisé depuis des mois. Ces gens veulent rejoindre la Grande-Bretagne et ne partiront pas et seront encore plus précarisés, surtout en plein hiver", a dénoncé auprès de l'AFP Maya Konforti, une représentante de l'Auberge des migrants.

Jeudi, le tribunal administratif de Lille avait validé le démantèlement partiel de la "jungle" de Calais. Cette décision constitue une étape-clé dans l'histoire de ce bidonville qui s'est formé progressivement autour de l'ancien centre aéré Jules Ferry début 2015, près de la rocade portuaire, après le démantèlement de plusieurs autres "jungles" et squats du centre de Calais, une ville au coeur de la problématique migratoire depuis la fin des années 1990.

"Entre 800 et 1000 personnes" vivent sur cette partie de la "jungle" selon la préfecture, 3.450 selon les associations. La zone Nord, qui abrite dans des tentes et cabanes entre 1.100 et 3.500 réfugiés selon les sources, n'était pas concernée par cette décision de justice. 
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